CEPRID

NOUVEAU COUP D’ETAT EN AMÉRIQUE CENTRALE ?

vendredi 30 octobre 2009 par CEPRID

Carlos Tena

Traduction : salah ahmine

Il est surprenant à l’extrême que, quand à peu de kilomètre de Managua se maintienne une dictature comme celle de Micheletti au Honduras, la grande majorité des moyens de communication massive nicaraguayens (propriété d’une petite poignée de familles millionnaires) s’attaque depuis des années contre le gouvernement constitutionnel de Daniel Ortega. La férocité, périodicité et manipulation de la réalité qui s’orchèstre dans la presse écrite, les canaux de radio et de TV, rappelle les campagnes qu’avait souffert le président du Vénézuéla, Hugo Chávez, avant et après le Carmonazo, et où au Nicaragua n’ont cessé encore depuis que Daniel Ortega a dût assumer la présidence du gouvernement en 2006, ou pour être plus exacte, le 10 janvier 2007.

Les disqualifications continues et les insultes de la part de l’arsenal médiatique (dans lequel uniquement Radio la Primerisima et Radio Ya compensent les attaques), se sont accélérées dans le fond et dans la forme durant ces derniers jours, quand la Cour Suprême de Justice s’est prononcée sur la validité des arguments du leader sandiniste, pour pouvoir se présenter aux prochaines élections. N’oublions pas que le président Hondurien Zelaya fût renversé violemment par l’armée et ses adversaires politiques, qui justifièrent cet attentat sur la base d’une prétention similaire, il y a seulement quelques semaines (28 Juin 2009), de la part du mandataire constitutionnel.

Cet élément oblige les analystes à déduire, sans aucune crainte de se tromper, que l’Amérique Latine se rencontre face à une situation de coup d’etats anti-démocratiques tendres, moins sanglants que ceux qui ravagèrent le continent depuis les débuts du 20ème siècle jusque la moitié des années 80, dirigés et orchestrés, comme c’est habituelle, depuis le patronat le plus ultra-libéral (celui pour lequel les moyens de diffusion massive sont indispensables), et où aujourd’hui ils comptent sur la compréhension de négociants de la profession, comme le multi-millionnaire mexicain Carlos Slim (ami intime de Monsieur X, c’est à dire Felipe Gonzàlez), son collègue espagnol Juan Luis Cebrián, des intellectuels d’extrême droite comme le péruvien-hispano-britannique Mario Vargas Llosa ou des premiers ministres experts en prostitution de luxe, comme l’italien Silvio Berlusconi.

Cette situation est la conséquence directe de l’actuelle tendresse avec laquelle la Maison Blanche distingue le dictateur hondurien, qui se dégage facilement pour le double discours qu’utilise le président Barak Obama et sa brillante Secrétaire d’Etat, Hillary Clinton, ou la tiédeur de la propre OEA pour avec ce genre de rebellions militaires, dans lesquelles il y a juste à déplorer la mort du peu de citoyens (selon El País, de violents provocateurs), qui clamaient dans les rues du Honduras pour le retour de la démocratie, mais loin des milliers de détentions et d’assassinats en masse qu’ont souffert durant des décennies les populations du continent, commis avec la totale bénédiction des différents gouvernement USA et leurs armées, dont la participation et l’assistance militaire (torture inclût) se palpent encore dans des pays comme Le Salvador, le Chili, le Paraguay, la Colombie, le Pérou, le Panama, le Guatemala et d’autres.

Il paraît que Micheletti fait plaisir à Washington, dans le FBI, dans la CIA, dans le siège de PRISA et jusque dans le Vatican (épicentre de différente, mais notoire influence sociale), avec toutes les nuances qu’on se peut présupposer. Et le plus curieux est que, quand on découvre les liens entre les putschistes et la délinquance commune, on fait ressortir au grand jour l’asile politique aux Etats-Unis en leur faveur, comme dans le cas de l’ex. maire de Maracaibo Manuel Rosales, au Vénézuéla, directement impliqué dans une tentative de magnicide contre Chávez ; ou Luis Posada Carriles, responsable de l’explosion en plein vol d’un avion de Cubana de Aviación qui coûta la vie à 76 personnes, et qui aujourd’hui se promène tranquilement en Floride ; celui de Patricia Poleo, journaliste dans une chaine de TV à Caracas, accusée de l’assassinat du procureur Danilo Anderson.

J’espère que dans le cas des directeurs de journaux si connus au Nicaragua comme le Nuevo Diario ou La Prensa, Danilo Aguirre et Jaime Chamorro, respectivement, qui ont été ou sont en jugement et condamnés pour injures, ou escroquerie millionnaire, il ne se passe quelque chose du même genre. Aujourd’hui, couverts par leurs collègues de la soit disante presse indépendante, ils clament leur innocence, tout en développant leur stratégie de harcèlement et démolition médiatique du président Daniel Ortega, téléphonant à leurs membres associés espagnoles, mexicains, chiliens, argentins ou français, pour qu’ils leur donnent la main dans la stratégie de harcèlement et démolition de l’ennemi socialiste, si c’est possible sans effusion de sang innocente. Les premiers plans de ces gazettes brillent pour leurs titres en versets du dictateur Ortega, avec la même joie que leurs collègues espagnoles appelaient président à José María Aznar.

Ils oublient, paraît-il, qu’un vrai satrape aurait fermé d’un trait de plume ces journaux, radios et stations de télévision, d’où se poursuivent encore leur chapelet d’insultes et de défis, arrivant à l’extrême de la paranoïa médiatique quand, comme cette semaine, l’objectif ce n’est plus le propre Ortega, sinon les magistrats qui intègrent la Cour Suprême de Justice du pays.

il n’est pas hasardeux d’affirmer que ces exécutifs dans leur ensemble sont en train d’attiser la population, ou au moins de créer un dangereux bouillon de culture, un état d’opinion, pour rendre crédible et inévitable un putsch à la Micheletti, comptant bien sûre sur la bénédiction obligée et l’assentiment de l’église catholique nicaragueyenne (comme au Honduras), mais non sur celle de l’armée, laquelle à différence de leurs collègues honduriens, bien loin de l’exemple des militaires vénézuéliens, boliviens, équatoriens ou cubains, de qui la défense de la volonté populaire est admirable, si nous la comparons avec d’autres forces armées, inclût le même continent européen. Il est tranquillisant, dans certaines mesures, de considérer les mots d’un chauffeur de taxi de Managua au signataire de ces quelques lignes : « Ici, ce qui a pût se faire avec Zelaya ne peut être fait avec Ortega. Nous serons des milliers de citoyens, les camarades, les travailleurs qui en plus possédons une bonne formation militaire, qui sortirons à la rue en défense de la démocratie, pour bloquer, comme à Caracas, un possible coup d ‘Etat ».

Qui sont les intéressés à ce que se répète l’histoire récente ? Peut-on trouver les moyens de communication néolibéraux, la propre OEA, la Maison Blanche ou la Communauté Européenne, disposés à condamner un nouveau coup d’état en Amérique Centrale, aussi non sanglant qu’il soit, brandissant un inexistant respect pour la légalité internationale, l’accomplissement des normatives propres de leurs organisations respectives pour ce qui à trait à la défense de la démocratie, sachant que, dans le cas de l’OEA, jamais on n’osa expulser de son sein des régimes génocides comme ceux qui massacrèrent l’Uruguay, le Brésil, l’Argentine, le Chili, le Paraguay, le Guatemala, le Salvador, etc… et que en plein 21ème siècle, servent seulement à organiser et parrainer des conversations entre les parties en conflit ? Est-il possible que quelqu’un croit ou fasse confiance, à ce que l’on puisse arriver à un accord entre les partisans d’une dictature et des démocrates convaincus, sans que ces derniers subissent une spectaculaire défaite ?

Peut-être que oui. L’Espagne l’a démontré en 1977, et comme ça la chevelure nous va bien.


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