CEPRID

Les maoístes entament la reforme dans la Repúblique du Nepal

mardi 30 septembre 2008 par CEPRID

Alberto Cruz

CEPRID, traduit par Danielle Bleitrach pour changement de société

Le parti communiste du Nepal (maoiste) est en voie de diriger le gouvernement du pays de l’Himalaya. Cela n’a rien de facile. Il a mené une guerre populaire révolutionnaire pendant plus de 10 ans qui lui a permis de contrôler 80 % du territoire, à l’exception de la vallée de Katmandou, et s’est construit sur ce fait non niable , ainsi que d’avoir infligé des échecs militaires retentissant à l’Armée,il a accepté de signer un accord politique avec une Alliance de Sept Partis qui a permis la réalisation d’une série de mobilisations populaires qui ont abouti à la déroute de la monarchie féodale qui avait gouverné le pays durant 240 ans.

Après cette déroute monarchique,un gouvernement provisoire a élaboré une constitution également provisoire et, ultérieurement, la tenue d’élections qui ont connu des retards dans deux cas à cause des atermoiments réitérée de l’Alliance de Sept Partis à mettre en oeuvre certains aspects de l’accord en 22 points signé avec les maoístas. Dans ces élections, le PCN est le parti qui a obtenu le meilleur score avec 30 % du total les voix. Les partis réactionnaires et “modérés” ont subi un échec écrasant masqué seulement par l’adoption du système proportionnel qui leur a garanti un nombre suffisant de sièges pour obliger le PCN à pactiser et, y compris, à faire tout ce qui leur était possible et impossible pour manoeuvrer pour les écarter du nouveau gouvernement.

Cette situation, qui a duré quatre mois, a permis que le président de la nouvelle république du Népal - la monarchie ayant été abolie comme première mesure après les élections - soit un droitier du Congrès un Népalais et que le vice-président soit un représentant du Forum des Droits du Peuple Madhesi (FDPM) - qui a fait le serment de prise de possession en hindi, non en Népalais, comme cela est prévu dans la Constitution Provisoire-, un organisation d’origine indouiste qui réclame une ample autonomie pour la zone la plus riche du pays, politiquempent pro-monarchiste et partisan de maintenir les liens actuels avec l’Inde. Non contents, que l’on enlevât les postes principaux de l’État aux maoístes, les partis réactionnaires et leurs alliés social-démocrates du Parti communiste du Népal - unification Marxiste Léniniste (PCN-UML) ont réformé la constitution provisoire pour que le premier ministre puisse être renversé par une majorité simple de l’Assemblée et non par les deux tiers, comme cela avait été décidé avant le triomphe électoral maoíste, dans une claire démonstration de comment faire face à la volonté populaire quand elle vous est défavorable, et dans le même temps, comment préparer les problèmes que devra affronter le PCN (m) si il parvient à présider le gouvernement comme cela est finalement arrivé.

Les alliances au Nepal son très fragiles et la devise pourrait être “Tout pour le pouvoir”. Les alliés de hier sont les ennemis d’aujourd’hui et les ennemis d’aujourd’hui pourront être alliés demain. Après être battu dans l’élection pour les charges de président et de vice président, le PCN (m) a décidé de ne pas prendre la tête du gouvernement, malgré son incontestable triomphe électoral et de se maintenir dans l’opposition.. Deux semaines plus tard il a changé de position eta accepté d’assumer la charge de premier ministre et de former un gouvernement après avoir fait un pacte avec les sociaux démocrates du PCN-UML –le nom de cette organisation ne doit pas induire en erreur, ils ont renoncé depuis de nombreuses années au marxisme- léninisme, y compris à quelque type de marxisme, ils collaboraient avec la monarchie dans son moment le plus dur, en arrtivant à présider le gouvernement durant neuf mois , ils appuyaient de manière inconditionnelle les actions de l’armée contre la guérilla maoïste et ont une position absolument conservatrice sur des thèmes cruciaux comme la réforme agraire, sa force réside exclusivement dans la classe moyenne urbaine- avec le FDPM (qui reconnait que l’appui maoïste pour l’autodéterminantion les intéresse) et les autres petits partis avec lesquels depuis toujours il a maintenu une étroite alliance. Selon l’accord, le PCN (m) comptera neuf ministres, le PCN-UMLsix, el FDPM quatre et les autres formations mineures comme le Parti Communiste du Nepal-Unis, le Janamorcha Nepal et leSadbhawana chacun un.

Par conséquent, s’il est permis au PCN (m) de diriger le gouvernement sans contretemps au moins deux ans c’est-à-dire la durée qu’il doit avoir en attendant que la Constitution soit définitivement élaborée, on recommence à aller aux urnes ce qu’il parti pour se mettre en place au Népal n’est pas plus qu’une réforme, et pas une révolution puisque des portefeuilles importants comme celui des Affaires Etrangères ou celui de l’Agriculture et des Coopératives restent aux mains des madhadesistas alors que les sociaux démocrates ont obtenu l’Intérieur et l’Industrie. Comme places fortes des maoïstes il y a les ministères de la Défense, des Finances et du Travail.

La formation d’une nouvelle armée

Qu’est-ce qui s’est passé pour qu’il y ait ce retournement total des maoïstes ? A la base la crainte de ne pouvoir accomplir un des principaux objectifs du PCN (m) : la formation d’une nouvelle armée avec l’incorporation en elle de la majeure partie de la structure de l’Armée Populaire de Libération, son bras armé durant la guerre révolutionnaire.Depuis qu’en novembre 2006, a été signé un accord avec l’alliance appelée des sept Partis, l’intégration de l’APL dans l’armée népalaise , est revenu repoussé plusieurs fois jusqu’à changer les ex-guérilleros, cantonnés dans des campements sous contrôle de l’ONU, presqu’en mendiants. Les retards dans le paiement de salaires ont été fréquents (il y a actuellement quatre mois sans rien toucher), la situation sanitaire dans les campements est déplorable, l’électricité manque et des maladies apparaissent à cause des situations sanitaires et d’hygiène déplorables qui existent dans ces camps où ils sont rassemblés. Ce qui est recherché avec ce type de situation, de la part de la réaction et de ses alliés sociaux démocrates, est le renoncement des ex guerilleros à intégrer la nouvelle armée, et qu’ils abandonnent le campement en partant chercher de quoi vivre. Selon L’ONU, 19.602 ex guerrilleros sont répartis en permanence dans sept camps (les autres 12.000 lesont abandonné pour rentrer dans les activités politiques)et ceci sera le contingent qui doit être incorporé à la Nopuvelle Armée Népalaise.

Le Congrès Népalais, le parti traditionnel des caciques, des propriétaires fonciers et réactionnaires qui a gouverné le Népal depuis des temps immémoriaux dans un premier moment a accepté l’incorporation des ex-guérilleros, ainsi que le prévoyaient les accords de novembre 2006, mais après le triomphe électoral maoíste il a nuancé en disant que cette incorporation aurait lieu “un à un et après la réalisation d’épreuves physiques et écrites, comme tout autre candidat soldat”. C’est, jusqu’à ce moment, aussi la position officielle des généraux de l’Armée. De plus, le CN a fait tout le possible et impossible pourque le portefeuille de Défense ne reste pas aux mains des maoístas et ila proposé que ce soient les sociaux-démocrates du PCN-UML qui le détienne, proposition qui n’a pas été mal accueillie par ces soutiens de la thèse de la viabilité (l’alliance avec la droite et les secteurs neoliberales comme la possibilite unique dans un monde globalisé) et qui sont considérés, pourquoi pas, une ” gauche correcte”, celle qui n’a pas de volonté révolutionnaire et qui s’intéresse seulement à rendre plus fonctionnel le système, dans le style du Chili de Bachelet ou le Brésil de Lula.

Le PCN (m) PCN (m) avait insisté sur le fait que seulement un Ministère de Défense contrôlé par eux pourrait mettre en place le processus de formation de la nouvelle Armée et il considérait ce fait non seul comme non négociable, mais comme cause de guerre. Les esprits dans les campements sont très surchauffés et seulement une solution de ce cas peut éviter la recrudescence du conflit. Cela tout le monde le sait, et c’est la raison pour laquelle il y a eu ces surprenants et variables changements d’alliance et la raison principale pour laquelle le PCN (m) a fait marche arrière et a accepté de diriger le gouvernement. 

Le défi qu’il a devant lui n’est pas petit. Le premier ministre a donné un délai de six mois pour que la dite intégration soit terminée et cela a apaisé un peu les esprits dans les campements. Mais la méfiance des maoístes envers l’Armée est grande, puisqu’ils n’ont pas pu obtenir le châtiment ou la mise à la retraite des générauxles plus impliqués dans la répression monarchique ni dans les meurtres durant la guerre populaire révolutionnaire. De plus, l’Armée s’est même systématiquement opposée à discuter n’importe quelle réforme structurale pendant ces deux années et seulement maintenant, devant l’évidence, elle s’accommode d’un type de traitement. En théorie, l’Armée se maintient tranquille et sans interférer au processus politique, mais en pratique il continue d’être autonome, au-delà de n’importe quel contrôle démocratique. De fait, l’une des instances créées après la signature de l’accord de paix, le Conseil de Sécurité national, n’existe que sur le papier et s’est réuni une seule fois en deux ans et ne s’est jamais réuni depuis les élections d’avril. Aussi bien les etats-Unis que l’Inde voient dans l’actuelle Armée népalaise un ferme appui pour éviter que les maoïstes prennent le contrôle du pays(1).De là l’importance de la proposition maoïste et la pression qu’ils exercent dans ce sens pour que leurs combattants s’incorporent dans le Nouvelle Armée.

Cette incorporation des ex-guérilleros soutens la réelle démocratisation de l’Armée népalaise. Mlagré que le commandement de l’Armée ait dit qu’elle obéirait aux ordre du gouvernement légitime, dans la pratique elle résiste férocement à l’idée de perdre ses privilègesallégant que l’incorporation des ex-guérilleros supposera “un endoctrinement politique”. Et ceci ils le disent sans sourire alors que durant des décennies la principale mission de l’Armée népalaise a été de défendre la monarchie.Il n’y a rien d’étrange qu’au népal, et de manière spéciale à Katmandou, des rumeurs circulent, intéressées ou non, d’une rébellion imminente dans l’Armée si une telle incorporation avait lieu sans que soit respectées les conditions qu’elle y mettait : un par un. Le général en chef l’a dit bien clairement : “le premier ministre doit entendre que les tentatives de casser la chaîne de commandement ne seront pas tolérée et,que par conséquent, ce sera un affrontement lamentable” (2). Depuis le nouveau Ministère de Défense il lui a été répondu que “la décision sur l’intégration n’appartient pas à l’Armée, mais au gouvernement choisi par le peuple” (3).

La menace fictive ou réelle - il ne faut pas oublier que l’Armée un Népalais a été battue militairement par la guérilla, , bien que dans ces trois années on ait pu la réapprovisionner et améliorer sa préparation grâce à l’aide apportée par les EU, la Grande-Bretagne et l’Inde - les symptômes ne sont pas bons et le PCN (m) peut accepter une solution intermédiaire, une partie de ses composants à l’Armée et le gros de la troupe à la police, dans un processus similaire à ce qui s’est passé au Salvador quand la guérilla deFMLN s’est incorporée seulemênt à la police et non à l’Armée, bien qu’à un changemen ait été décidé une réduction du nombre de composants de même. Les maoístas pensent que l’Armée du Népal doit être réduite des 90.000 effectifs actuels à 50.000.

Selon la constitution provisoire (un article 145) c’est le Conseil de Sûreté National qui contrôle une “la mobilisation, le fonctionnement et l’utilisation” de l’Armée. Il est dit que le CSN est composé du premier ministre comme président, le ministre de la Défense et trois autres ministres nommés par le premier ministre. C’est ainsi parce que la tradition au Népal montre que l’Armée a toujours agi à son gré et en dépendant, uniquement du Palais Réel. Le Ministère de Défense au Népal a toujours eu simplement un rôle décoratif.

Un échantillon qui permet de mesurer la tension des relations avec l’Armée sont tendues est que durant la prise de serment du dirigeant maximal maoísta, Pushpa Kamal Dahal “Prachanda”, comme un premier ministre l’escorte n’a pas étéfournie par des effectifs de l’Armée ou de la police, mais par les combattants de l’Armée Populaire de Libération. Un avis des maoístas aux protestaions du chef de l’Armée, sans doute.

Le “negociationisme” du PCN (m)

Les maoístes ont assumé une attitude modérée et consensuelle conscients quel’establishment de Katmandou et les forces monarchiques feront tout qu’ils peuvent pour freiner la transition à une démocratie stable, égalitaire, républicaine et séculière. Il en résulte que le PCN (m) parle d’initier un processus de réformes au Népal, non une révolution

Ce processus de réformes se veut visible dans l’accord passé par les maoíests et qui consiste en phénomènes comme le combat contre la corruption, le népotisme et le favoritisme à l’intérieur de différentes sphères du gouvernement, phénomènes qui sont les responsables due la desastreuse hausse des prix des aliments basiques comme le riz (qui a montéde 13 ‘ 5 % dans une année), l’huile et le beurre de buffle (de 18 ‘ 8 %). A elles seules ces marchandises absorbent52% des dépenses habituelles des Népalais.

La tâche à laquelle s’attèllent les maoïstes est énorme et le chemin n’est ni facile ni court. Néanmoins, au coeur du parti a surgi un certain débat débat sur ce qui dans l’organisation maoïste se reconnaît déjà comme le “négociationisme”.

Le marxisme accepte la possibilité d’aller au compromis pour atteindre certains objectifs, mais , depuis pas mal de temps, il considère impossible de réussir la révolution avec trop de compromis et ceci est un débat qui est en train de se produire aujourdd’hui à l’intérieur du PCN (m). Les maoístas ont dissous la majorité deleurs gouvernements locaux, qui ont fonctionné durant l’étape de la guerrillera, ainsi que les cours de justice du peuple. Les coopératives, les communes et les institutions de santé et éducatives ils sont maintenant plus faibles que dans leur passé de guérillero. Et dans une dernière décision, une clé, pour atteindre l’accord dont le gouvernement leur a permis de prendre la tête, ils ont dissous la structure militaire dans laquelle leur jeunes étaient encadrés. Un secteur important du parti communiste considère que ce sont trop de concessions dans un espace de temps aussi court. La tâche du PCN (m) dans le nouveau gouvernement devra être reprendre un virage, dans le cas contraire, on pourra dire que la Révolution est terminée au Népal. Mais il faut espérer dans les événements et voir la marge de manoeuvre sur laquelle ils pêuvent compter. Il est évident que le test sera la nouvelle Armée. Les maoístes indiens

Les maoïstes indiens (naxalistes) appuient de manière prudente le PCN (m), bien qu’ilsles aient mis en garde de ne pas rentrer au gouvernement et les ont incités à poursuivre la lutte desz classes au Népal sans la moindre conciliation avec l’oligarchie. Dans une résolution du Comité Central du Parti communiste de l’Inde (maoíste) on a salué le triomphe électoral des maoístas des Népalais comme “un verdict contre la monarchie féodale, l’expansionisme indien et l’impérialisme des EU”. Ils espèrent que le PCN (m) tiendra ses engagements de réviser les traités signés entre l’Inde et le Népal, dès 1950, tous favorables à l’ Inde. Et voilà qu’ils ont salué avec une grimace “positive” le fait de ce que le premier pays qu’ ait visité le nouveau premier ministre a été la Chine et non l’ Inde, comme cela se faisait traditionnellement et en marquant moins de dépendance que les gouvernements antérieurs par rapport à ses voisins indiens.

 Tout le processus Népalais est suivi très de près par les maoístas indiens. Bien que ce soit une lutte pratiquement ignorée en occident, les maoístas indiens croissent chaque jour qui passe à un niveau politique et militaire, ainsi que ils s’étendent leur influencesur différents états du pays. Ils sont actifs dans 14 de 28 états de l’Inde (Chatisgarh, Jharkhand, Uttar Pradesh, (Chatisgarh, Jharkhand, Uttar Pradesh, Asma, Uttaranchal, Kerala, Tamil Nadu, Bengala Occidental, Gujarat, Andhra Pradesh, Madhya, Orissa, Maharashtra y Bihar) et que, enchiffres, cela signifie qu’en 182 districts sur un total de 602 divisions administratives du pays ce sont les maoïstes qui contrôlent la situation. (4).

Il faut faire remarquer qu’en avril il était admis qu’ils intervenaient dans 165 districts, et qu’aujourd’hui en septembre il y en a 17 de plus cde qui indique clairement une progression imparable qui a lieu non seulement dans les campagnes mais commence à s’étendre aux villes, spécialement aux zones ouvrières et industrielles de Dheli, de Mumbai, de Pune et de Jammu en alternant les actions de propagande avec les actions militaires.

(1) Alberto Cruz : “2065, el comienzo del nuevo Nepal” http://www.nodo50.org/ceprid/spip.php ?article99

(2) The Katmandu Post, 12 août 2008.

(3) The Himalayan Times, 28 août 2008.

(4) The Hindu, 23 août 2008.

Alberto Cruz albercruz@eresmas.com  


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