Chine.- La fin du compromis
lundi 11 janvier 2021 par CEPRID
Collectif Qiao
CEPRID
Tandis que les médias français passent la nuit à attendre le résultat des élections américaines. Pour la Chine, il s’agit d’un non événement parce que le consensus est total entre les deux candidats sur la manière dont ils vont défendre leur hégémonie économique qui s’appuie toujours sur le militaire. Un groupe d’intellectuels chinois installé au Canada, aux USA et en Europe, le collectif Qiao, nous livre cette analyse. Au même moment, la lecture de Rouge-vif, l’idéal communiste” d’Alice Ekman va exactement dans le même sens, la Chine est communiste et pas seulement depuis XI. Mais nous y reviendrons parce que la question est bien la transition dans laquelle le monde est engagé (note et traduction de Danielle Bleitrach pour histoire et société).
Les États-Unis ont déclaré la fin du « statu quo » avec la Chine. L’escalade de ces derniers mois est la manifestation d’un consensus du régime bipartite : la stratégie déployée face à la Chine visant à favoriser sa dépendance politique, en utilisant l’intégration économique à un système mondial dirigé par les États-Unis, a échoué. Alors que l’ascension de la Chine a dépassé les limites prédéterminées de « l’âge du compromis », les États-Unis se sont tournés vers la guerre hybride, ce qui montre clairement que « l’endiguement et le compromis » sont les deux côtés distincts du même programme impérial : soumettre la souveraineté chinoise aux intérêts américains.
En novembre 1967, quelques mois avant son entrée dans la course présidentielle, Richard Nixon a décrit dans « Foreign Affairs » les grandes lignes de la politique de Washington envers Pékin pour le demi-siècle suivant. Dans son article ” l’Asie après le Vietnam“, Nixon a expliqué ses présupposés : ” La guerre du Vietnam a tellement occupé les politiciens américains qu’elle nous a éclipsé le tableau d’ensemble. Dans la pratique, le Vietnam a mobilisé nos préoccupations, même s’il s’agit d’un petit pays à la lisière d’un vaste continent”.
Nixon en arrière-plan voulait dire que la vraie baleine blanche, le géant à craindre et à désirer était la République populaire de Chine : “ La Chine rouge est trop grande pour rester isolée pour toujours. Les États-Unis ne peuvent pas se permettre de laisser la Chine hors de la famille des nations“. En encourageant la voie de « compromis », Nixon définit la stratégie de l’Amérique, brandissant la carotte de l’intégration et du commerce dans la « famille des nations » avec le bâton qui pousse vers un bloc politique industrialisé et militarisé dominé par sa nation. De telles mesures, de l’avis de Nixon, seraient suffisantes “pour induire le changement … pour persuader la Chine qu’elle doit changer.”
« Changement » est le mot que le secrétaire d’État Mike Pompeo a utilisé quand il a exposé les relations entre les États-Unis et la Chine lors d’un discours en Juillet à la Bibliothèque Nixon dans le comté d’Orange, en Californie. Pompeo a fait une évaluation critique de l’« âge du compromis » de Nixon et il a décrit cette politique étrangère comme un exercice noble mais naïf. Il l’a définie comme une « stratégie aveugle » qui, au lieu d’induire le changement, a consolidé un « Frankenstein chinois » qui a systématiquement reporté la « libéralisation » prévue par Washington.
Le discours de Pompéo était une variante des sévères dissertations des responsables de l’administration Trump qui proclamait la fin du « business as usual » et annonçait une répression politique contre la Chine dans le cadre depuis 2018 de la renégociation du déficit des accords commerciaux. Selon les mots de Pompeo « nous ne pouvons pas traiter la Chine comme un pays normal ».
En effet, ces derniers mois et dernières années, l’administration Trump s’est consacrée à traiter la Chine comme un rival créant des difficultés et comme le « concurrent stratégique » qui a été identifié dans le nouveau document de stratégie de sécurité nationale de l’administration Trump. L’arrestation de la dirigeante de Huawei Meng Wanzhou au Canada en 2018 ; la désignation de journalistes chinois en tant qu’« agents étranger » ; (en attente) des interdictions sur TikTok et WeChat ; compter et surveiller les étudiants et les scientifiques chinois à l’étranger ; sanctionner les fonctionnaires et les entreprises chinois opérant à Hong Kong, au Xinjiang et en mer de Chine méridionale ; et la fermeture forcée du consulat chinois à Houston a plombé lourdement les relations entre les deux pays.
Là où Nixon a parlé d’une « intégration de la Chine dans la famille des nations » (un euphémisme universalisant pour l’ordre mondial capitaliste dirigé par l’Occident), Trump a dessiné la nouvelle ligne d’affrontement pour arrêter l’incursion présumée du Parti communiste de la Chine dans le cyberespace, les chaînes d’approvisionnement mondiales, et dans les sphères d’influence américaines. Alors que Nixon s’inquiétait d’une Chine isolée qui « nourrirait ses fantasmes et réchaufferait ses haines », le point de vue récurrent dans les discours de Mike Pompeo, Robert O’Brien (directeur de la NSA), William Barr (procureur général) et Chris Wray (directeur du FBI) est que l’intégration de la Chine dans l’ordre mondial constitue la véritable menace. Toutes les accusations de Trump font valoir que « la libéralisation n’a pas eu lieu » que la Chine utilise pour son propre bénéfice « ses avantages économiques au plan international ».
Les faucons américains ont bouleversé la politique d’intégration économique. Pour le procureur Barr, les ” tentacules ” du Parti communiste chinois cherchent à ” exploiter l’ouverture de nos institutions pour les détruire ” et pour le secrétaire d’État, la menace est encore plus grave : « Si le monde libre ne change pas la Chine, la Chine communiste nous changera sûrement. »
Derrière ces revendications intempestives se cache la crise du libéralisme occidental. Les craintes d’un ordre mondial façonné par la « Chine rouge » ne sont que des excès discursifs qui reflètent les contradictions du système. La crise a sapé la « fin de l’histoire » triomphante promise après l’effondrement de l’Union soviétique. Aggravée par ses contradictions et une pandémie mondiale, la crise actuelle provoque des flambées dans une grande partie du monde capitaliste. Le régime capitaliste est soumis à une double pression ; d’un côté par le populisme de droite et de l’autre par les mouvements de gauche pro-socialistes.
Les conditions historiques du « compromis »
La rhétorique de Trump au sujet de l’ascension de la Chine a remis en question des décennies d’accords d’État et d’entreprise établis au cours du projet d’« apaisement » et de recherche de profits avec la Chine. Ce programme Trump a renoncé à la main ferme de l’Amérique qui prétendait forcer à un changement dans la structure politique de la Chine.
Le directeur de la NSA, Robert O’Brien, a décrit ainsi l’ancienne politique étrangère américaine : « Plus nous ouvrions nos marchés, plus nous investissions de capitaux, et plus nous formions des bureaucrates, des scientifiques, des ingénieurs et des officiers militaires chinois, plus la République communiste de Chine se retournait contre les États-Unis. » Cependant, une lecture négligente d’une dichotomie apparente entre « compromis » et « confinement » cache le fait que les deux concepts partageaient toujours le même programme impérialiste. Si les États-Unis sont revenus à une guerre hybride contre la Chine, ce n’est qu’un changement tactique de la même stratégie. Pour les stratèges de Washington, un véritable bilatéralisme fondé sur la souveraineté de la Chine et la légitimité de son système politique et économique n’a jamais été sur la table.
Le bon sens commun du « compromis » et du « confinement » est basée sur la même attitude coloniale paternaliste : pour son élite, les États-Unis auraient le droit et la responsabilité d’« induire le changement » dans le cours politique et social de la Chine. Il n’y a jamais eu de débat sur les fins, ce qui a changé sont les moyens : soit par cooptation, soit par force , au fond, il s’agit d’un différend sur les bons outils pour provoquer « l’inévitable » arrivée de la Chine à la modernité libérale-capitaliste occidentale.
Les discussions politiques de Washington avec la Chine à la fin du XXe siècle clarifient la continuité idéologique et stratégique entre les cinq dernières administrations présidentielles. Il démontre également à quel point le chauvinisme américain, la grandeur impériale et l’universalisme occidental ont défini une perspective politiquement cohérente. En effet, la diplomatie post-Nixon n’était que la poursuite de visée un peu plus ancienne. Dans une série de discours (1957-1958), le secrétaire d’État John Foster Dulles a formulé la théorie d’un « progrès pacifique » comme un moyen de « raccourcir la vie du communisme ». Il a proposé des idées, un modèle culturel et des modes de vie comme des fronts décisifs pour la politique étrangère de l’empire.
Cette guerre pour subvertir le communisme chinois et soviétique a fonctionné sur un pied d’égalité avec l’endiguement militarisé. Dans ces mêmes années, abasourdie par la « perte de la Chine », la politique étrangère des États-Unis a pris une position ferme contre la République populaire nouvellement établie ; non seulement les USA ont mis en place un embargo commercial ; Il a envahi la Corée avec une longue guerre criminelle et a menacé d’utiliser des armes nucléaires pendant la première crise du détroit de Taiwan. Pendant cette période, certains diplomates américains ont décrit l’époque comme « l’âge de l’incertitude » parce que les stratèges politiques de Washington ont débattu fortement de la manière de traiter avec une Chine communiste (tout en ayant investi des milliards de dollars dans l’aide militaire au Kuomintang corrompu). Au fil du temps, la détente de Nixon — surdéterminée par les commodités géopolitiques de la guerre froide et les conséquences de la division sino-soviétique — a été définie par Mike Pompeo comme « l’âge de l’inévitabilité ». C’était l’époque où les cavaliers de la convergence capitaliste avaient des raisons d’être optimistes. La politique soviétique de perestroïka – de libéralisation politique et économique – avait entamé un processus de corrosion rapide qui conduirait à son effondrement. C’était aussi le « moment Margaret Thatcher » (il n’y a pas d’alternative) et une idéologie néolibérale ascendante qui serait imposée avec une certaine facilité dans tout l’Occident.
À cette époque, la notion d’« avancement pacifique » de Dulles a gagné des adhérents dans certains milieux politiques et intellectuels chinois. Anticipant ce processus (en 1992), Deng Xiaoping a alerté le peuple chinois : « Les impérialistes poussent pour une évolution pacifique vers le capitalisme en Chine, ils mettent leur force et leur influence sur les générations qui viendront après nous. » Deng savait que la réforme et l’ouverture avaient introduit des aspects matériels et idéologiques du capitalisme en Chine. Sa métaphore préférée était « quand nous avons ouvert les fenêtres est venu un air frais avec des capitaux étrangers mais aussi l’air nous a apporté des mouches horribles . »
C’est la main ferme de la direction du parti qui a assuré l’endiguement des éléments capitalistes et la fidélité à la voie socialiste. En particulier, les manifestations de Tian’anmen de 1989 reflétaient les contradictions de la réforme et de l’ouverture. Ces incidents graves ont montré clairement que l’adoption des idéaux du libéralisme bourgeois par les jeunes générations pourrait signifier une lente érosion de la voie socialiste.
Dans ce contexte, les débats de Washington de 1999 ont adopté la vision de Nixon de l’incorporation de la Chine dans la « famille des nations », une vision néolibérale pour intégrer notre nation dans la structure du capital international et de la consommation mondiale, logiquement … avec les États-Unis à l’avant-garde.
La législation annuelle de la Chine visant à renouveler le statut commercial de la nation la plus favorisée (MFN) de la Chine – qui est devenue permanente en 2000 – a servi de forum sur l’efficacité de cette stratégie d’influence par l’intégration. Dans un discours prononcé en 1991, George HW Bush a invoqué une raison « morale » pour renouveler le MFN, « nous devons exporter les idéaux de liberté et de démocratie… créer un climat propice au changement démocratique.
Conséquences de l’effondrement de l’Union soviétique
Après une demi-décennie de Perestroïka l’optimisme de Bush quant à l’inévitabilité de l’effondrement du « régime » en Chine était sans aucun doute dû à la dissolution imminente de l’Union soviétique : “aucune nation sur Terre n’a découvert un moyen d’importer des biens et des services tout en arrêtant les idées étrangères à la frontière. Tout comme l’idée démocratique a transformé les nations sur tous les continents, le changement atteindra aussi inévitablement la Chine.”
La tautologie de la libéralisation économique et politique parle à la fois de la ferveur néolibérale du moment et de la longue histoire de co-évolution du libéralisme avec le capitalisme. George Bush – comme beaucoup d’autres – a lié « privatisation et droits de l’homme. » Dans un style libéral classique, il a déclaré le droit à la propriété privée et l’accumulation de capital : « Les droits de propriété sont un droit fondamental qui précède tous les autres droits politiques libéraux. Quand un Chinois se rend compte qu’il a des droits en tant qu’investisseur (et que le gouvernement ne devrait pas violer), il réalisera probablement aussi ses droits en tant qu’être humain.“
Les arguments du président Bill Clinton en faveur de l’entrée de la Chine dans l’Organisation mondiale du commerce étaient également similaires. Citant les intérêts des missionnaires évangéliques et des grandes entreprises, Mme Clinton a déclaré qu’en adhérant à l’OMC, la Chine était d’accord non seulement pour importer des produits américains, mais aussi pour « importer l’une des valeurs les plus précieuses de la démocratie, la liberté économique ».
Le mot « liberté » visait à adoucir les intérêts économiques de l’Amérique. Le lobby des entreprises qui soutenait le statut de nation la plus favorisée (MFN) a défini notre pays comme « un marché inexploité d’un milliard de clients ». Dans un discours prononcé en 1997 sur « la Chine et l’intérêt national », Mme Clinton a précisé : « Les bons emplois et les revenus plus élevés dépendent aujourd’hui fortement de la capacité de la Chine à faire de la Chine un aimant pour nos biens et services. »
La priorité accordée aux intérêts des États-Unis impliquait des conditions plutôt que l’intégration de la Chine dans l’économie mondiale. Le président Clinton avait déclaré : ” La Chine doit améliorer considérablement l’accès aux biens et services étrangers. Ils doivent faire tomber les barrières commerciales et mettre fin au favoritisme envers les entreprises chinoises“. Le fait que ces mêmes problèmes restent les points chauds de la guerre commerciale de Trump témoigne de la frustration persistante de Washington à contenir la Chine et sa souveraineté économique au sein du système mondial capitaliste.
Loin de l’apaisement, les orientations américaines ont été guidées par la croyance que la Chine dans un avenir proche dépendrait de la puissance capitaliste occidentale. Faisant allusion à la dépendance de la Chine à l’égard des investissements étrangers (en 1997), Bill Clinton a déclaré que notre pays était alors le deuxième plus grand bénéficiaire de l’investissement étranger direct dans le monde : « ces liens, selon Mme Clinton, apporteront avec lui les puissantes forces du changement ».
Projeter ainsi la nature d’un alignement supposé des intérêts de la Chine et des États-Unis, c’est ignorer les orientations fondamentale de la stratégie américaine depuis près de 50 ans. Selon cette idée politique, l’« engagement » de la Chine envers l’ordre mondial (par le commerce, l’investissement étranger et les prêts du FMI) créera inévitablement les conditions de l’érosion de la souveraineté chinoise, du socialisme et de la direction du Parti communiste.
Dans cette vision, certaines personnes de gauche ignorent les aspirations coloniales évidentes de l’Amérique derrière la soi-disant « ère de l’engagement » et ont dépeint la Chine comme un partenaire mineur volontaire de l’empire américain. Cela a produit un récit erroné de « l’alignement idéologique » entre les États-Unis et la Chine. La vérité est que le rapprochement entre les États-Unis et la Chine était dû à l’opportunisme géopolitique pendant la guerre froide ; en particulier à la précarité géopolitique et économique de la Chine à la suite du schisme sino-soviétique. La vérité est que « l’ère du compromis » devrait être décrite plus précisément comme la quête de l’Amérique pour le changement de régime en Chine par d’autres moyens.
Le développement socialiste rompt le « Consensus de Washington » Beaucoup d’encre a été jeté sur le « miracle économique chinois » dans les décennies qui ont suivi la levée de l’embargo commercial américain en 1972 et le rétablissement conditionnel des relations commerciales normales en 1979. En 1980, le produit intérieur brut (PIB) par habitant de la Chine était de 200 dollars. Aujourd’hui, ce chiffre est supérieur à 10 000 $. Cela signifie que les conditions matérielles d’une personne moyenne en Chine se sont améliorées 50 fois au cours des 40 dernières années.
Mais ceux qui ont l’intention de décrire la Chine comme un « Frankenstein » soutenu par les sociétés occidentales ou « comme preuve de la supériorité du capitalisme » ont absolument tort. Le développement chinois ne peut en aucun cas être attribué à une prétendue application du modèle capitaliste occidental.
Tout d’abord, les progrès de la santé, de l’espérance de vie et de l’alphabétisation de masse de l’ère Mao ont constitué la base d’une main-d’œuvre qui a conduit à l’industrialisation de la Chine moderne. Sans cette politique économique, la Chine serait toujours une nation arriérée.
Deuxièmement, la nature du socialisme avec des caractéristiques chinoises, c’est-à-dire un type de socialisme qui fait la guerre à la pauvreté, impose des restrictions sur les capitaux étrangers, donne un rôle décisif à l’industrie publique et établit un contrôle politique sur le capital, a fait de la Chine l’un des rares pays en développement qui ont conservé l’indépendance politique et économique malgré l’introduction de capitaux occidentaux.
Les progrès réalisés par la Chine dans la lutte contre la pauvreté (avec plus de 800 millions de personnes sortant de la pauvreté) parlent d’un projet économique centré sur les personnes. Ces efforts distinguent la Chine de la plupart des pays en développement, où la croissance du PIB ne correspond pas à une augmentation du niveau de vie de ceux d’en bas. Comprendre le développement chinois comme un produit « du socialisme de marché » est peut-être plus proche de la réalité. Cette compréhension explique les frustrations des politiciens occidentaux qui, pendant des décennies, ont essayé de forcer la Chine vers la dépendance économique et la déstabilisation.
Il n’est donc pas surprenant que les politiques du Parti communiste visant à sauvegarder la souveraineté économique et à éviter les pièges du libre-échange soient les politiques qui ont été obstinément la cible d’attaques. Cela a débouché sur l’agression commerciale unilatérale de la part d’États en cohérence avec les exigences occidentales avec la théorie du « compromis » qui consiste à créer la poursuite occidentale de la domination financière sur le légendaire « El Dorado » du marché chinois.
Alors que la Chine a négocié l’entrée à l’Organisation mondiale du commerce en s’engageant à réduire les droits de douane, à réduire le commerce des États et à ouvrir les secteurs des services aux investissements étrangers, les médias occidentaux ont annoncé la « privatisation finale » de la Chine aux mains des entreprises occidentales.
Cependant, bien que Mme Clinton ait annoncé « l’extinction des dinosaures étatiques », la République populaire de Chine compte 82 des 119 grandes sociétés mondiales – selon le magazine « Fortune » – sous contrôle de l’État. Comme les capitales occidentales savent que l’effondrement tant attendu des entreprises d’État chinoises ne va pas se produire, les puissances impérialistes se sont tournées vers l’OMC en tant que club pour imposer leur politique commerciale.
Entre 2009 et 2015, près de 90 % des différends au sein de l’OMC ont eu lieu entre la Chine, les États-Unis, le Japon et l’Allemagne. La majorité absolue de ces différends consistait à attaquer la participation de l’État chinois à l’économie (cela allait des limites de la propriété étrangère à l’aide aux entreprises d’État).
Il est certain que l’influence des idéaux néolibéraux et un état d’esprit axé sur la croissance qui subsumait l’idéologie à l’économie ont trouvé des points de soutien tant au Parti que dans la société civile chinoise. Mais alors que la restructuration de près de la moitié des entreprises d’État chinoises (sous Zhu Rongji, entre 1997 et 2003) a marqué un pas important vers une privatisation partielle des marchés, la Chine ne s’est jamais totalement ouverte au monopole impérialiste comme la plupart des autres pays « émergents ».
Au milieu de l’entrée de la Chine à l’OMC (en 2001), les capitalistes ont déploré que la Chine, dont l’économie est axée sur l’exportation, « restait sans entrave » dans l’économie mondiale et continuait à « ingérer des industries telles que les banques, les communications et l’énergie de la concurrence internationale ». Selon l’économiste marxiste Samir Amin, ce que la Chine a fait « est une mondialisation partielle et contrôlée ». D’autant plus que « l’Etat conserve le contrôle des systèmes bancaires, qui sont au cœur de la lutte pour la souveraineté au sein d’un système capitaliste-monde ».
« Chimerica » comme parasitisme impérial
L’entrée de la Chine à l’OMC et l’achat ultérieur d’obligations de la dette américaine préfiguraient ce que les experts occidentaux appelaient la « chimerica », une « bête économique » qui représenterait désormais 40 % du PIB mondial.
Dans l’étonnement, mais aussi dans la peur, la classe capitaliste occidentale a bénéficié de l’intégration économique avec la Chine. Des mesures telles que l’abolition du taux d’intérêt ont permis à l’empire de subventionner la consommation de la classe moyenne avec des « importations bon marché ».
Mais avec Trump, il est temps de changer. Les nationalistes américains ont réagi contre les chaînes chinoises de délocalisation et d’approvisionnement parce que « cette politique détruit la capacité économique de l’Amérique ». « Comment les plus grandes entreprises américaines ont fait grandir à nouveau la Chine » telle a été une couverture du magazine Newsweek qui a décrit le sens de l’administration Trump vers le « découplage » politique. Avec de tels articles, les médias impériaux ont l’intention d’installer l’idée que « la convergence économique était un sauvetage de l’économie chinoise ». Faute de quoi la Chine serait en déclin..
D’autre part, la dépendance des États-Unis à l’égard des chaînes d’approvisionnement chinoises a été décrite comme une menace économique dangereuse aussi pour la sécurité nationale. Au milieu de la pandémie le conseiller économique de Trump, Peter Navarro, a insisté : « L’industrie américaine doit toujours passer en premier, il faut en finir avec toutes les fournitures médicales fabriquées en Chine. »
Clarifions, aucun de ces « récits » ne reflète la nature de la relation économique appelée « Chimerica » : cette relation n’est ni plus ni moins qu’une forme de parasitisme impérialiste américain. Avec l’adhésion à l’OMC (et la médiation par l’octroi du statut commercial de la nation la plus favorisée), la relation sino-américaine a été fondée sur un déséquilibre économique en ce qu’il est possible que les entreprises occidentales récoltent les fruits d’une main-d’œuvre à faible coût à mesure que la consommation occidentale augmente avec l’accès à des importations bon marché.
Selon les termes du « compromis », la Chine a subi l’extraction de ressources, la fabrication polluante et les importations de déchets en provenance de l’Occident. Bien que les États-Unis aient déclaré pendant des décennies qu’ils souffraient d’un « déséquilibre commercial en faveur de la Chine », l’avantage des États-Unis est quantifiable : entre 1978 et 2018, une heure de travail américain équivaut à près de quarante heures de travail d’un travailleur chinois.
L’omniprésence des biens de consommation « made in China » ainsi que la connotation raciale de ces produits parlent d’une relation économique qui a été réduite à la maxime « la Chine produit, les États-Unis consomment ». À l’ère des « portes ouvertes » et des guerres de l’opium, l’économiste et critique impérialiste britannique J.A. Hobson a décrit la colonisation imminente de la Chine comme inévitable « les réserves de profit pour le monde occidental sont à court. Le capitalisme pour continuer à croître doit dominer et conquérir les marchés de la Chine et de l’Asie. L’intégration de la Chine dans le 21ème siècle dans le système économique capitaliste mondial a réalisé, en partie, ce vieux fantasme impérial.
La décision de la Chine d’accepter le« compromis » est souvent mal comprise comme le signe d’un parti communiste par son seul nom, signe d’un « capitalisme d’État » qui a accroché sa voiture au commerce capitaliste de l’Occident. Cependant, une compréhension complète du « socialisme avec des caractéristiques chinoises » place « le compromis avec le capital occidental » comme juste une négociation ponctuelle par la direction du parti communiste.
Dès la 11e session plénière, le Comité central (entre 1977 et 1982) le Parti communiste a officiellement reconnu une contradiction importante dans la société chinoise : « entre les besoins matériels et culturels du peuple et la production sociale arriérée ». Dans la formulation populaire de Deng, « l’air frais provenant des investissements étrangers, du transfert de technologie et de l’avancement productif justifie les mouches qui l’accompagnaient inévitablement ».
Cependant, la libéralisation économique contrôlée a créé les conditions du développement de la pensée néolibérale. On peut soutenir que l’accent mis sur la croissance économique a créé un malentendu entre la politique et l’économie, dans ce que Wang Hui appelle la « politique dépolitisée » de l’ère Deng. Une telle pensée coïncidait également avec une idéologie pro-américaine et une croyance populaire dans les « destin entrelacées de la Chine et les États-Unis ».
Dans le sillage de la crise financière occidentale de 2008, des slogans tels que « sauver les États-Unis sauve la Chine » (en) ou la « théorie des partenaires sino-américains » (A ? 妻 论) qui reflétaient l’intérêt de la Chine à stabiliser l’économie mondiale capitaliste, et une certaine croyance que les divergences idéologiques et politiques entre la Chine et le monde capitaliste pourraient être résolues par la « coopération économique ».
L’idée d’un destin entrelacé entre la Chine et les États-Unis s’est avérée non seulement être une erreur massive mais était aussi une sous-estimation des conditions imposées par l’empire. Et bien qu’enveloppée dans la ferveur de l’idéologie de la guerre froide, l’agression américaine contre la Chine a toujours été de nature matérielle. Après tout, la reconnaissance des aspirations nationales de la Chine au développement combinée avec la soif d’une offre de main-d’œuvre bon marché a toujours été la condition pour « reconnaitre la place de la Chine » dans le monde.
En ce sens, les demandes occidentales récurrentes pour leur accès aux marchés, la privatisation et la fin de la planification économique de l’État sont des tentatives visant à limiter la croissance de la Chine dans les limites de l’empire unipolaire américain.
Les efforts chinois pour émerger de son rôle pré-fondé « usine du monde » ont été interprétés comme un défi existentiel à l’hégémonie américaine. Sous le jargon financier des droits de douane, de la manipulation des devises et du statut commercial de la « nation la plus favorisée », les conditions imposées par les États-Unis à la participation de la Chine à l’économie mondiale sont fondamentalement des exigences de l’impérialisme pour l’extraction des profits et la limitation de la souveraineté économique.
En effet, la restructuration économique actuellement engagée en Chine est en grande partie une reconnaissance de la dépendance excessive vis-à-vis des capitaux occidentaux, aggravée par le virage de l’Amérique vers le « découplage ». Dans le sillage de la crise financière de 2008, un rapport du ministère chinois du Commerce a averti que pour chaque 100 milliards de dollars d’exportations de la Chine vers les États-Unis, les États-Unis font 80 milliards de dollars de bénéfices contre 20 milliards de dollars pour la Chine.
Des rapports similaires ont quantifié en billions de dollars « les dividendes de l’hégémonie » générés par des facteurs tels que l’hégémonie du dollar, l’ensemencement de la dette et les dérivés financiers.
Cette situation a conduit la Chine à recentrer son activité sur les marchés intérieurs, les exportations de qualité et l’innovation industrielle dans son douzième plan quinquennal. (2011-2015). Le nouveau pivot économique, renforcé par l’initiative Made in China 2025, privilégie l’innovation et les marchés intérieurs. En ce sens, la diabolisation occidentale de Xi Jinping par l’Occident a beaucoup à voir avec le fait que, sous son règne, la Chine a consolidé la défense des principes socialistes de l’économie.
Le mandat de Xi – au grand scandale occidental – a mis l’accent sur le leadership du Parti sur le secteur privé, l’expansion des entreprises d’État et la répression contre les fonctionnaires corrompus, qui ont exploité les entrées de capitaux à des fins personnelles pendant la période de « réforme et d’ouverture ». Parallèlement au succès de la planification économique de l’État pour naviguer dans la crise pandémique COVID-19, dans un plan quinquennal à venir la Chine privilégie la « revitalisation rurale », consolidant ainsi un virage vers la réintégration de l’État dans la planification économique et la souveraineté économique.
Au cours de la dernière décennie, une nouvelle politique internationale plus affirmée exprimée dans l’Initiative La ceinture et la Route et la Banque asiatique d’investissement (qui visent à réduire la dépendance de la Chine à l’égard des marchés occidentaux et des institutions contrôlées par l’Occident) a suscité la colère de ceux qui croyaient que la Chine se joindrait au Japon ou à la Corée du Sud en tant que petits partenaires dans un système mondial capitaliste dirigé par les États-Unis.
Au grand dam de l’élite politique occidentale, l’ère de « l’attente du moment et de la dissimulation de la force » semble définitivement révolue. Vu dans ce contexte historique, la soi-disant « guerre commerciale » entre les États-Unis et la Chine est mieux comprise comme une dernière tentative de bloquer l’ascension économique de la Chine dans les limites prédéterminées de « l’âge du compromis ».
Décrivant l’urgence de Pékin dans Made in China 2025, l’ancien conseiller de la Maison Blanche Steve Bannon a offert une évaluation étonnamment sans équivoque : « Nous comprenons maintenant à quel point la Chine est inextricablement liée aux capitaux et à la technologie occidentaux, tels que les puces et le système de transfert SWIFT. Nous comprenons maintenant l’importance d’agir avant la maturation complète d’une économie chinoise de l’innovation.
La négociation difficile de la première phase de l’accord commercial entre les États-Unis et la Chine (janvier 2020) l’annonçait. Dénoncée par les médias d’État chinois comme un retour aux « traités néocoloniaux du XIXe siècle », la première phase visait à forcer la Chine à faire des concessions sur les questions de transfert de propriété intellectuelle, à accroître les achats d’exportations américaines et à l’accès des sociétés de services financiers.
Ce dernier point portait sur ce que les groupes économiques considéraient comme une « part nécessaire d’entreprises financières étrangères », le secteur financier américain en est venu à fantasmer sur la perspective d’« installer son industrie financière de 45 billions de dollars en Chine ».
Les analystes américains ont déclaré qu’un accord de phase deux pourrait fournir des fruits encore plus élevés, cependant, moins d’un an plus tard, la signature de l’accord commercial de la phase un est déjà une relique d’une autre époque. Il s’agissait d’une dernière tentative des États-Unis de maintenir leur hégémonie contre la Chine avant de déployer une agression unilatérale ces derniers mois.
Quelques semaines après la signature de l’accord, le secrétaire au Commerce Wilbur Ross a déclaré que « le côté positif du coronavirus est qu’il aidera à accélérer le retour des emplois en Amérique du Nord ». Après neuf mois, le nombre de décès par pandémie aux États-Unis est de plus de 250 000, au moins 20,6 millions d’emplois ont été perdus et le PIB a diminué d’environ 20 %.
Pour sa part, la Chine est devenue la seule grande économie avec une croissance du PIB de 3,2 % au deuxième trimestre et de 4,9 % au troisième trimestre de 2020. Face à ce scénario, l’administration Trump s’est opposée à la possibilité de passer à la phase deux des négociations.
Le pivot bipartisan vers l’Asie
Rétrospectivement, la guerre commerciale peut être considérée comme le chant du cygne pour « l’âge du compromis ». COVID-19 a mis en lumière les vulnérabilités du néolibéralisme, tandis que la réponse de la Chine à la pandémie a jeté les bases d’une forte divergence économique. La fenêtre d’opportunité pour réduire l’ascension de la Chine par le bilatéralisme est presque fermée. Les États-Unis se sont tournés vers les sanctions, le découplage et la militarisation, une boîte à outils de la nouvelle doctrine de confinement.
L’« évolution pacifique qui présupposait le « compromis » de l’Amérique envers la Chine a toujours été surdéterminée par l’ombre d’une guerre chaude et d’une clôture militaire. Comme les érudits marxistes de la théorie du système mondial l’ont clairement indiqué, en fin de compte, une structure d’hégémonie et de dépendance économique est toujours soutenue par la suprématie militaire.
Après deux décennies d’agression militaire américaine – en grande partie sans opposition – au Moyen-Orient, l’accent mis récemment par la Chine sur la modernisation militaire est sans aucun doute exigé par la reconnaissance de la menace impérialiste ; l’« option nucléaire » continue de jeter une ombre intense sur les relations entre les États-Unis et la Chine.
L’armée chinoise rappelle que les États-Unis étaient prêts à bombarder les centres d’approvisionnement chinois pendant la guerre de Corée et à lancer une attaque nucléaire dans la première crise du détroit de Taiwan. La Chine n’a pas non plus oublié le bombardement « accidentel » de l’ambassade à Belgrade par l’OTAN en 1999.
Pourtant, malgré l’agression américaine, la stratégie de la Chine a longtemps été fondée sur la reconnaissance de ce que l’empire a appelé par euphémisme son « avantage militaire asymétrique » en Asie et dans le Pacifique. En effet, la dernière tentative des États-Unis de renégocier les termes de « compromis » a été soutenue par une réorganisation silencieuse de ses troupes dans le « Théâtre du Pacifique ».
Avec moins de grandiloquence mais peut-être plus de substance militaire, le « pivot vers l’Asie » de l’administration Obama a impliqué le transfert de 60% de la capacité de combat aérien et naval des États-Unis vers le Pacifique. Cette clôture militaire a ajouté du poids à l’Association de libre-échange transpacifique d’Obama, comme un moyen de consolider la puissance économique régionale de l’Amérique, bien sûr à l’exclusion de la Chine.
La décision de Trump de retirer les États-Unis du Partenariat transpacifique est souvent confondue comme preuve du changement de politique américaine envers la Chine. La seule vérité est que l’actuel locataire de la Maison Blanche n’a fait que poursuivre cette stratégie militaire (avec des démonstrations de force), mais y a également inclus des sanctions économiques sévères.
Fin 2019, le secrétaire à la Défense Mark Esper a ajouté un éclaircissement aux traces furtives d’Obama, déclarant la Chine la ” priorité numéro un ” du Pentagone. Et en 2020, le Commandement militaire des États-Unis dans la région indo-pacifique a annoncé un budget intitulé « Regaining the Advantage », demandant 20 milliards de dollars pour conserver la suprématie militaire avec une expansion massive des missiles, des radars et des attaques de précision à Guam, Okinawa, Hawaii, et le théâtre d’opérations de l’Asie-Pacifique.
L’unité et la continuité de la stratégie militaire des États-Unis contre la Chine des administrations Obama et Trump se reflètent exactement à nouveau dans le consensus bipartite : la « montée » de la Chine a dépassé les limites acceptables par l’hégémonie américaine et a fait chuter les profits d’un impérialisme longtemps parasite.
En attendant, il est clair que le Parti démocrate n’a pas d’alternative au programme d’escalade unilatérale de l’Amérique contre la Chine. Joe Biden a entrepris de ridiculiser Trump pour avoir permis à la Chine de perfectionner « l’art du vol ». Avant son programme politique, la candidate de M. Biden au poste de secrétaire à la Défense, Michele Flournoy, a condamné la « détérioration de la capacité de dissuasion américaine » et appelé à de nouveaux investissements pour « maintenir l’avantage militaire de l’Amérique » en Asie au nom de la « paix ».
Au détriment de l’humanité, la vision du monde hégémonique de l’Amérique insiste sur la distorsion des politiques chinoises – souveraineté, multilatéralisme et avenir commun pour l’humanité – en les transformant en menaces d’agression. La fin du “compromis ” marque une réévaluation critique par les États-Unis : le changement en Chine ne peut être « induit » par des moyens de coopération.
Si la guerre chaude est considérée comme hors de portée (étant donné que les économies des États-Unis et de la Chine sont entrelacées), alors les efforts de l’Amérique vers le découplage économique devraient être compris comme une stratégie militaire qui ouvre la porte à la guerre hybride. Toutefois, la fin du « compromis » soulève également un tournant historique entre les chemins de l’unilatéralisme et du multilatéralisme. Contrairement aux déclarations alarmantes du département d’État, la montée de la Chine n’est pas une menace pour l’hégémonie américaine.
La véritable menace pour l’hégémonie américaine est le rôle de la Chine dans la construction d’une nouvelle ère de multilatéralisme. Une époque où des institutions comme l’ONU (autrefois représentative de la « Pax Americana ») peuvent tenir leur promesse d’être des plates-formes de paix et de coopération internationale. L’engagement de la Chine envers l’ONU, l’Organisation mondiale de la santé (et le développement des vaccins COVID 19) parle de sa décision de renforcer un multilatéralisme fondé sur des règles pacifiques de contrepoids à la belligérance américaine.
En septembre dernier, lors de l’Assemblée générale des Nations Unies, le président Xi Jinping a déclaré : « La Chine n’a pas l’intention de mener une guerre froide ou une guerre chaude avec un pays quelconque. » « Notre peuple, a-t-il dit, rejette la géopolitique à somme nulle et s’efforce de faire face à une crise mondiale comme la pandémie et le changement climatique. »
Le fait que la souveraineté chinoise et son chemin socialiste aient été stigmatisés comme une menace existentielle pour l’Occident nous en dit beaucoup plus sur la nature de l’hégémonie américaine que sur le caractère de l’ascension de la Chine. Après tout, ce n’est pas la Chine, mais l’empire américain qui insiste pour diviser le monde en camps opposés. En fin de compte, il ne reste que deux côtés : le côté de l’impérialisme et de l’unilatéralisme, et le côté de l’avenir commun.
Qiao Collective (intellectuels chinois résidant aux États-Unis, au Canada et en Europe)