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L’AMÉRIQUE LATINE À L’HEURE DE SA LIBÉRATION
dimanche 18 mai 2008 par CEPRID
10 - V - 2008 CEPRID
Cela fait trop longtemps que notre Amérique Latine a été subordonnée aux diktats impériaux. L’Espagne impériale fut la première à conquérir et à coloniser cette partie du monde et la première qui imposa les règles économiques, politiques, culturelles, religieuses pendant plus de trois siècles.
Ce fut 300 ans d’exploitation coloniale, de travail de demi esclavage, de vol systématique des ressources naturelles et humaines et 300 ans d’un génocide pratiqué à grande échelle parmi les ethnies indigènes. Mais ce fut également 300 ans d’une héroïque résistance indo-métisse et 15 ans de guerres d’indépendance.
À peine s’achevait l’indépendance de l’Espagne, qu’à nouveau les États-Unis recolonisait l’Amérique latine, mais au nom de la liberté, de la démocratie et des droits humains. Notre Amérique Latine a souffert de 200 ans de colonisation, de spoliation et de pillage de la part des États-Unis et ces 200 ans ont été nourris d’ingérences, d’invasions militaires, de guerres injustes, de tueries systématiques, d’imposition de gouvernements « démocratiques » et de cruelles et sanguinaires dictatures avec les tragiques séquelles de milliards d’exécutions extra judiciaires, des milliards de personnes condamnées à la fuite forcée, des milliards de personnes injustement emprisonnées, torturées, massacrées, violées, séquestrées, toutes au nom de la liberté et des démocraties.
Il n’existe aucun pays ou territoire latino-américain qui n’ait pas souffert d’invasion militaire yankee et d’occupation militaro civile par le biais de pirates, d’aventuriers, de banquiers, d’industriels, des prêteurs usuriers qui furent ensuite le Fond Monétaire International, la Banque Mondiale ou la Banque Interaméricaine de Développement. Les compagnies pétrolières comme la Standard Oil ou Exxon ou Texaco-Chevron ont pompé les hydrocarbures et ont organisé des guerres entre nations pendant que des entreprises comme United Fruit ont renversé des gouvernements, tué des paysans, volé les terres. Depuis 1949, l’Agence Centrale d’Intelligence, la toute puissante et obscure CIA a été le bras caché de l’empire pour semer la terreur, la mort, la violence, le sabotage, la torture, la disparition de personnes, le meurtre et l’assassinat de personnalités. Tous les crimes, sans aucune exception, ont été organisés ou commis directement par la CIA organisme géniteur de la brutalité fasciste qui a ravagé notre Amérique Latine.
Cela a été 200 ans d’agression à la biodiversité, de vol du pétrole, ainsi que l’or, l’argent, le zinc, le cuivre, le nickel, de même, ils ont emporté nos fruits, nos semences, nos matières premières et nos meilleurs cerveaux. Rien n’a échappé à la voracité et à l’avarice états-unienne. Mais tout a une fin.
C’est maintenant le moment de la libération de nos patries. C’est maintenant le moment que l’Amérique Latine doit travailler unie, côte à côte, pour se libérer de ses oppresseurs qui imposèrent le néolibéralisme afin de privatiser la richesse et socialiser la pauvreté. Aujourd’hui, nos patries unies doivent s’intégrer par la décision de leurs peuples pour lutter vers la solution des problèmes économiques, sociaux, politiques et culturels, parce que les problèmes qui accablent nos pays sont les mêmes pour tous, car derrière eux se trouvent l’empire et le pouvoir oligarchique créole.
L’union de l’Amérique Latine est une nécessité impérieuse qui se fonde dans l’histoire, dans la géographie, dans la culture, dans les traditions, dans la langue. L’intégration du MERCOSUR, de la Communauté Andine des Nations, du CARICOM, de l’Amérique Centrale doit se renforcer avec l’exécution et l’amplification des différents projets : Banque du Sud, l’ALBA, intégration énergétique, construction de gazoducs et d’oléoducs, construction de centrales hydroélectriques et de voies de communication, construction de centres régionaux de santé et d’unités d’éducations élargissant la couverture de l’enseignement supérieur avec des niveaux élevés d’efficacité, de qualité académique, scientifique et technique, pour garantir à nos peuples le droit au développement sur la base de l’avoir de professionnels engagés avec les groupes humains majoritaires qui depuis toujours ont été exclus des bénéfices du progrès et de l’insertion économique et sociale
Rétablissement des utopies
Le nouveau siècle commence à se caractériser par le rétablissement des utopies, de la possibilité de rêver et de penser en une nouvelle Latino Amérique, comme en voulant démontrer au monde qu’un autre monde, oui, c’est possible. Il émerge des processus transformateurs et des changements sociopolitiques substantiels. Les droites néolibérales battent en retraite et les peuples s’insurgent avec vigueur et force pour installer des gouvernements démocratiques et progressistes en Argentine, Uruguay, Paraguay, Brésil, Bolivie, Équateur, Venezuela, Nicaragua, Guatemala. La Révolution cubaine se consolide et se transforme pour approfondir la construction du socialisme, et de long en large de l’Amérique Latine les processus de changement semblent irréversibles.
La transformation nécessaire commence avec la réelle intégration économique, sociale et politique. Cette intégration, rencontre inévitablement de puissants opposants dans les oligarchies nationales et leurs groupements politiques des droites des cavernes, attardées et réactionnaires qui forment des groupes autonomistes ou séparatistes généralement violents et antipatriotes, des groupes qui de plus, sont les alliés de l’empire ravageur et agents à la solde ou officieux de la CIA. Cette intégration de l’Amérique Latine déplait également fortement aux multinationales ou aux transnationales monopolistes avec des capitaux impériaux, et donc elles ne sont pas disposées à permettre que chaque pays gère et exploite souverainement leurs ressources naturelles ou ce qui l’en reste depuis tant de spoliation pratiquée par l’empire.
L’union et l’intégration sont possibles et désirables, elles s’accélèreront dans la mesure où chaque peuple et chaque citoyen sera décidé de participer et d’impulser les processus, et qu’en qualité de mandants ils poussent leurs mandataires pour qu’au-delà des idéologies subordonnées à l’empire, au-delà des intérêts de groupe et de classe, ils agissent en conséquence historique et construisent la Patria Grande, telle que nos libérateurs l’avaient rêvé.
Naturellement, l’intégration s’accrochera à de nombreux écueils et d’innombrables barrières. Il existe des murs apparemment insurmontables : problèmes frontaliers, conflits entre nations, intérêts économiques de secteurs divisionnistes et égoïstes, conceptions idéologiques et doctrinaires distinctes entre gouvernements de peuples identiques, courses à l’armement, développement inégal, servilité du gouvernement aux classes dominantes et servilité de ces dernières et de leurs gouvernements à l’empire, faux leaders. Les divisionnismes et les séparations sont construits et par conséquent ils ne sont pas naturels, ils leur manquent la valeur face à ce qui unit ces peuples.
L’Union Latino-américaine sera vitale pour affronter la globalisation déshumanisée et purement capitaliste, c’est une nécessité urgente pour affronter les graves problèmes qui menacent la région : commerce inégalitaire, croissance inégalitaire, sous développement persistant avec ses conséquences concrétisées par la pauvreté, l’analphabétisme, l’insalubrité, l’absence d’infrastructure et l’augmentation de l’indigence véritable fléau de la société, la délinquance chaque fois plus violente et inhumaine, la prostitution, la traite des blanches, le trafic de personnes, la néo servitude et le néo esclavage pour, finalement, freiner les vagues migratoires que tant de problèmes et tant de séquelles douloureuses et tragiques restent gravées pour les peuples et les familles frappées et exclues par le systèmes prédateur, injuste et spoliateur. L’Union Latino américaine permettra que la lutte contre la pauvreté parvienne à des succès, que les grandes inégalités sociales imposées par le néolibéralisme ou « capitalisme sauvage » soient réduites au maximum, et qu’au mieux, elles disparaissent, que la juste redistribution de la richesse commence à être une réalité tangible pour toutes et pour tous.
Par delà les gouvernements qui ne sont que de passage, il y a les peuples qui sont permanents. Ensembles ce sont eux qui forgent les jours de l’histoire positive, mais les gouvernements avec le pouvoir qui leur a été remis, devraient fondamentalement se préoccuper de servir ses citoyens et donner des réponses effectives à leurs nécessités vitales, en priorité comprendre que la famille aux revenus faibles et limités a été principalement la plus frappée par les politiques néolibérales crées pour enrichir les plus riches et appauvrir jusqu’à l’indigence les plus pauvres, politiques économiques qui dans notre Amérique Latine, ont servi à étayer les privilèges de classe, consolider les fortunes des secteurs dominants qui constituent 18% des plus riches de chaque pays.
Notre Amérique indo-métisse a été asservie durant cinq siècles d’infamies et d’ignominies. L’Empire espagnol, dans les périodes de conquête et de colonisation, a commis un monstrueux et un impardonnable génocide dans les peuples aborigènes. Les survivants furent condamnés à des travaux serviles et astreints à l’esclavage, dans les exploitations et les terres des conquistadors. Il leur ôta leur idiome, leur culture, jusqu’à leurs dieux furent remplacés par le Dieu des blancs. Vint ensuite le pillage de tout ce qui existait et par leur avidité pour l’or, l’argent et les pierres précieuses, ils ont commis d’impardonnables crimes de lèse humanité, au nom du Roi et de la Sainte Mère Église Catholique. Massacrer, piller, humilier, offenser, abrutir, alcooliser, asservir, violer des jeunes filles et des femmes, condamner l’indigène à la faim, à la malnutrition, aux maladies européennes, elle [Am.Lat.] fut convertie en commerce et pour l’entretien des conquistadors.
Ils volèrent les terres et chassèrent leurs légitimes propriétaires à vivre sur des plateaux inhospitaliers, aux bords de vallées encaissées et dans des forêts insalubres. Ils les « christianisèrent » et les vendirent à la religion catholique pour la servir en tant qu’esclaves et débiteurs éternels de fêtes à tous les saints et saintes. Ils payèrent des dîmes et des primeurs à des curés, des nones, des évêques, des cardinaux et des papes qui leur refusèrent l’âme et payèrent pour naître, pour être malade, pour se marier, et pour mourir ils payaient des tarifs déterminés pour monter au ciel, si l’argent ne suffisait pas ils allaient au purgatoire et s’ils n’avaient rien ils allaient droit en enfer et les condamnés se comptaient par cent et par milliards. Les condamnés de la terre, dirait Fanon, n’avaient aucun droit, seulement des devoirs et des obligations envers le blanc, envers le métis. Les seigneurs de la terre réduits à des esclaves impertinents.
Mais vinrent les temps de la rébellion, de la colère et de l’espérance. Dans certains endroits de cette Amérique indienne et métisse, l’idée de liberté avançait et les luttes pour l’indépendance commençaient à poindre. Des milliers et des milliers de latino-américains perdirent la vie dans ces guerres, parce que la mort s’empare toujours des plus faibles, des plus valeureux et des héros. L’Amérique latine s’habilla de sang et d’héroïsme, elle marcha avec Bolívar et San Martín, avec Sucre et O´Higins, avec Artigas et Morelos, avec Hidalgo et Petión, avec Espejo et Nariño. Tous à l’unisson ils crièrent assez à l’empire espagnol, et Bolívar voyait une Amérique Latine unie et grande dans Carabobo et Ayacucho, dans Boyacá et Pichincha.
Les oligarchies parasitaires
L’indépendance avait été conquise mais elle restait en dette envers les indiens et les pauvres métis. La liberté rêvée n’est jamais parvenue aux peuples, car elle était restée en haut des ambitions des « libérateurs »qui, avec un goût étrange d’arrivisme, commencèrent à former des familles avec les filles à marier des espagnols vaincus, mais enrichis du travail imposé aux indiens et aux métis, aux noirs et aux mulâtres. C’est ainsi qu’ont commencé à naître et à grandir les oligarchies et les aristocraties qui par héritage génétique, se sont convertis en êtres parasites des sociétés « libres et indépendantes ».
Dès la fin de la domination de l’empire espagnol, c’est l’empire anglais qui commença à s’enraciner avec des hommes, des vivres, des armes et des prêts en livres sterling contribuant à se libérer de la compétence espagnole. La dette anglaise ou la dette de l’indépendance accabla pour des décennies les économies des « nations indépendantisées ». Ce fut la première dette externe-éternelle et les anglais l’encaissèrent au moyen de traquenards, agressions et vols pratiqués par les corsaires, pirates, hommes d’affaires, commerçants et patrons.
Le pillage anglais fut remplacé rapidement par des mercenaires, des tueurs à gages, des entrepreneurs, des aventuriers, des flibustiers anglo-saxons établis aux États-Unis transformé en genèse de l’empire actuel.
Les États-Unis se sont formés sur la base de la spoliation des territoires indiens, sur le génocide exécuté sans miséricorde sur les tribus qui peuplaient le nord du Continent Américain. Dès leur début il fut gouverné par la « classe supérieure » anglosaxone qui se croyait prédestinée par la divine providence pour s’approprier des vastes territoires et gouverner des peuples inférieurs. Le Mexique fut dépouillé de la moitié de son territoire, ils volèrent à l’Espagne la péninsule de La Floride, ils achetèrent à la Russie l’étendue du territoire de l’Alaska et ils s’inventèrent le destin manifeste pour dominer les peuples qui habitaient en Amérique Latine depuis le fleuve Bravo du Nord jusqu’à la Terre de Feu dans le Cône Sud du Continent.
Les États-Unis avaient saboté le Congrès Amphictyonique de Panama convoqué par le Libérateur Simón Bolívar et le président états-unien Monroe, très tôt, il s’inventa la doctrine « l’Amérique aux américains » et de cette manière ils commencèrent à valider l’agression et le pillage jusqu’à intégrer la mer des Caraïbes en leur lagon particulier et notre Amérique latine leur arrière cour.
Les États-Unis auraient échoué dans leurs tentatives de domination s’ils n’avaient pas compté sur le comportement de traîtres et de vendeurs de patrie des oligarchies, des classes dominantes, des militaires ambitieux reconvertis en hommes de mains et en fascistes, des curés, des nones, des évêques et des cardinaux qui mirent l’Église Catholique au service des classes dominantes et, en conséquence, des intérêts états-uniens. Le pillage de nos patries a facilité la croissance économique des États-Unis et a permis sa transformation en empire. L’écrivain uruguayen Eduardo Galeano dirait que notre pauvreté est la richesse des États-Unis et que notre faiblesse est la force et le pouvoir des États-Unis.
Les États-Unis se sont transformés en un puissant empire et cela a été une des causes de la tragédie d’Amérique Latine. Dominée par le dollar, par les armes, par l’agression systématique, par les invasions militaires et les guerres inégales, l’Amérique Latine s’est livré au joug états-unien.
La Maison Blanche avait commencé à ordonner nos patries. Elle imposa des gouvernements bourgeois et marionnettes, elle trouva des laquais adorateurs du dollar de toutes parts, des militaires hommes de mains reconvertis en mercenaires, des armées nationales convertis en armées d’occupation, des oligarchies qui ont trouvé dans le billet du dollar leur drapeau précieux et sacré.
Les navires de guerre des États-Unis s’étaient transformés catégoriquement en forces militaires d’ingérence dans nos patries et ils envahirent le Mexique, occupèrent le Nicaragua, s’emparèrent du Guatemala, usurpèrent Cuba, s’approprièrent de Haïti et de la République Dominicaine, de Grenade et El Salvador. Le Honduras s’était transformé en immense porte-avions et la CIA en formateur de tortionnaires, dictateurs sanguinaires, tueuse et assassine de leaders populaires, de milliards d’hommes et de femmes qui luttèrent pour la libération de leur patrie et ils tuèrent des présidents de républiques, sabotèrent des avions en plein vol, commettant toutes sortes d’actes terroristes, ils formèrent les transnationales du crime comme l’« Opération Condor » et ils armèrent et équipèrent des assassins de leurs propres peuples. La CIA était le bras clandestin et criminel de l’empire pour protéger les entreprises, les compagnies et les transnationales de l’empire qui emportèrent le pétrole, les fruits les poissons, les bois, les matières premières, les minéraux et maintenant ils veulent emporter l’eau, l’air, la biodiversité. La CIA était devenue experte pour planifier et exécuter des coups d’État pour détruire des gouvernements dangereux pour les intérêts de l’empire et était également devenue spécialiste en génocides et toutes sortes de crimes de lèse humanité.
Les États-Unis sont les créateurs et les soutiens des partis politiques des oligarchies et des droites les plus récalcitrantes du Continent. Conservateurs, libéraux, sociaux démocrates et démocrates chrétiens, mouvements et organisations « fascistoïdes » sont crées à l’image et à la ressemblance des États-Unis dans leur phase impériale et les États-Unis les maintiennent, les conseillent, les financent, les subventionnent. C’est cela la tragédie de notre Amérique Latine.
Et cette même tragédie est celle qui oblige à prendre conscience de la situation et à se rebeller contre cette réalité de tant de misères. L’heure des nouvelles luttes et des combats définitifs est arrivée, pour atteindre la véritable indépendance car il faut savoir, et cela est certain, que l’empire yankee n’est pas éternel ni invincible. C’est maintenant l’heure pour les peuples.
Traduction : Garcia Esteban
CEPRID
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