Index | Palestina 2008
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Qu'est–ce que le féminisme musulman?
Pour la promotion d'un changement culturel en faveur de l'égalité des genres

Valentine M. Moghadam, socióloga

            Le « féminisme musulman » a fait l’objet d’analyses et de débats depuis plus d’une dizaine d’années. Il est associé à des groupes de femmes croyantes et à des recherches universitaires sur les femmes dans le monde musulman. Pour les femmes croyantes, le féminisme musulman rejoint le féminisme chrétien et juif dans leurs efforts pour ouvrir des perspectives féminines sur l’interprétation de la religion et la pratique religieuse. Pour les universitaires, il constitue un discours et un mouvement en construction, qui reflète des évolutions sociodémographiques et culturelles. Dans certains cas, comme dans les ouvrages de Fatima Mernissi sur le voile et les reines oubliées de l’islam, ou et approche académique se rejoignent pour critiquer les interprétations et les pratiques patriarcales et proposer une nouvelle approche des débuts de l’histoire de l’islam.
            Le terme de « féminisme musulman » a été élaboré par des féministes iraniennes expatriées au début des années 1990 pour décrire un nouveau discours des femmes croyantes en République islamique d’Iran, qui ont publié leurs conceptions des rôles de la femme dans la société dans un magazine intitulé Zanan (Femmes). Un débat s’est ouvert autour de questions diverses : l’islam est–il compatible avec le féminisme ? Est–il possible de parler de féminisme dans le cadre d’un discours musulman ? Le féminisme musulman est–il une solution de rechange au fondamentalisme, ou est–ce une menace pour les discours et les mouvements laïques ?
            Pour de nombreux laïques iraniens, les termes féminisme et musulman sont contradictoires et se réfèrent à deux phénomènes  incompatibles. Le féminisme, après tout, est un discours moderniste qui s’inscrit dans la tradition des Lumières et qui remet en cause les vérités reçues. L’islam, par opposition, prescrit des règles strictes et des normes sur l’existence et les comportements.
            Pour de nombreux musulmans, l’islam fournit toutes les réponses tandis que le féminisme est un phénomène déviant ou une idéologie occidentale étrangère. Mais entre ces deux positions extrêmes – qui, à mon avis, « orientalisent » et « exotisent » toutes les deux l’islam –, des croyants ont cherché à établir des ponts entre les divisions idéologiques, à engager le dialogue et à soulever des questions sur l’équité des lois et des normes de leurs sociétés, tout particulièrement celles concernant les femmes. De plus, des intellectuels iraniens de la diaspora, dont je fais partie, ont pu juger que les publications et les propositions des féministes musulmanes élaborent une véritable solution de rechange au discours fondamentaliste officiel.
            La recherche universitaire a défini le féminisme musulman en Iran comme un mouvement réformiste qui a permis un dialogue entre féministes religieuses et laïques et ouvert la voie à de nouvelles possibilités en faveur de l’égalité des sexes et de la participation des femmes aux doctrines et pratiques religieuses. Le magazine Zanan avait avancé que les asymétries de genre avaient des fondements plutôt sociaux que naturels (ou divins), et que la grande partie de ce que l’on appelait droit musulman consistait en des interprétations patriarcales du Coran et des débuts de l’histoire des musulmans. Cela a soulevé la question de l’ijtihad (raisonnement indépendant, interprétation religieuse) et du droit des femmes à (ré)interpréter le fiqh, la jurisprudence musulmane.
            En Iran et ailleurs dans le monde musulman (comme en Egypte,  au Maroc et au Yémen), le discours féministe musulman s’est accompagné de  campagnes contre les discriminations dans le droit musulman de la famille.
            Comment peut–on considérer le féminisme musulman par rapport à d’autres discours ou d’autres mouvements ? Du point de vue sociologique, le féminisme musulman n’est pas un mouvement social distinct parce que ses pratiques ont été par nature essentiellement textuelles. Cependant, le féminisme musulman fait partie du grand mouvement des femmes dans certains pays. Il est un discours de citadines instruites (et de quelques hommes) qui ont relu le Coran et étudié les débuts de l’histoire de l’islam afin de récupérer leur religion des interprétations patriarcales et violentes, de plaider pour les droits et la participation des femmes dans le cadre de la religion et de donner une légitimité théologique à l’appel pour les droits des femmes dans le monde musulman. En tant que tel, le féminisme musulman est un discours et une stratégie parmi d’autres déployés par les défenseurs des droits des femmes dans le monde musulman – il peut être également considéré comme faisant partie du mouvement féministe global.
Parmi celles que l’on appelait avant et qui aujourd’hui se qualifient elles–mêmes de féministes musulmanes, certaines sont issues du mouvement fondamentaliste musulman. En Iran, par exemple, des groupes de croyantes ont été consternées par les lois décrétées en 1980 qui faisaient d’elles, au mieux, des citoyennes de seconde zone ; elles ont soulevé des questions sur ces lois et sur leurs rôles dans la République islamique. D’autres féministes musulmanes ont rejeté le projet fondamentaliste dès ses débuts et ont cherché à arracher leur religion à ce qu’elles considéraient comme un mouvement politique douteux ou dangereux.
            Le féminisme musulman est un discours important dans ce qu’il est possible d’appeler la réforme musulmane. De nombreux intellectuels musulmans se sont engagés dans des débats et des dialogues, notamment sur le Coran, et sur des questions telles que l’islam et la démocratie, l’islam et les droits humains, et islam, science et philosophie. (Exemples : Abdulkarim Soroush, Mohsen Kadivar, Hassan Yousefi–Eshkevari, et d’autres connus sous l’appellation de Nouveaux intellectuels religieux en Iran ; le défunt Mahmoud Taha du Soudan, Hassan Hanafi d’Egypte et l’exilé Zeid Abu Nasr ; Mohammad Arkoun d’Algérie ; Chandra Muzzafar de Malaisie, Fathi Osman et d’autres.) Le féminisme musulman est issu de cette formulation et revendique le droit à l’ijtihad et le droit de participer aux prières et même d’officier dans des prières mixtes. Ce courant n’est pas accepté par tous au sein de la communauté musulmane. Mais il fait partie d’un mouvement de réforme plus large au sein de l’islam.
            Parmi les féministes musulmanes les plus éminentes, il y a Shahla Sherkat et Azzam Taleghani d’Iran ; Amina Wadud, Asma Barlas, Riffat Hassan, Azizah al–Hibri, Leila Ahmed et Margot Badran, qui vivent aux Etats–Unis, et Ziba Mir–Hosseini du Royaume–Uni et d’Iran. La sociologue marocaine Fatima Mernissi a également fait d’importantes contributions intellectuelles.
            L’association de femmes de Malaisie Sisters in Islamet l’association de Nigérianes Baobab sont affiliées au réseau féministe transnational Women Living under Muslim Laws (Femmes sous les lois musulmanes). Dans leur action pour les droits humains des femmes, elles s’appuient à la fois sur les normes musulmanes et les conventions internationales.
            D’autres associations de femmes, par exemple au Maroc ou en Egypte, ont formulé leurs exigences pour les droits des femmes dans le cadre religieux, mais elles ne sont pas des féministes musulmanes au sens strict du terme. Parmi celles qui ont travaillé sur ce sujet, certaines ont tenté de faire la distinction entre féminisme islamique, féminisme musulman et femmes islamistes, tout en montrant leurs différences avec les féministes laïques. Parallèlement, dans certains pays, les distinctions politiques et conceptuelles entre ces courants peuvent être floues du fait de la coopération accrue entre féministes islamiques, musulmanes et laïques – et de la distance prise avec les femmes plus explicitement attachées au mouvement islamiste.
            Le Premier Congrès international sur le féminisme musulman a été organisé à Barcelone du 27 au 29 octobre 2005 par la Junta Islamica Catalan avec le soutien du Centre de Catalogne de l’Unesco à Barcelone. Des femmes et des hommes de communautés musulmanes du monde entier sont venus débattre – avec leurs coreligionnaires espagnols – de la nécessité d’un islam libéral, pluraliste, égalitaire et émancipateur et de nombreux participants ont appelé au gender jihad (djihad pour l’égalité des sexes). Il me semble plus qu’évident qu’à l’aube du XXIe siècle, une « masse critique » de femmes musulmanes instruites, éclairées et en mesure d’agir, a émergé, et leurs questions fondamentales sur l’islam, les femmes et les droits humains peuvent contribuer à parvenir à l’égalité des genres, à transformer le droit musulman et à promouvoir des sociétés musulmanes modernes et égalitaires.
Néanmoins, pour contribuer à de telles transformations sociales, les féministes musulmanes devront s’engager plus directement dans les questions sociales et politiques auxquelles sont confrontés leurs pays et le monde tout entier. Des associations telles que Sisters in Islam en Malaisie ou Baobab au Nigeria se sont déjà saisies des lois et des politiques jugées défavorables aux droits humains des femmes ; et en Iran, les féministes musulmanes et laïques ont réuni leurs forces pour faire campagne pour l’égalité des genres. Il faudrait voir naître des perspectives féministes musulmanes sur les inégalités sociales et la justice économique ; sur les droits des minorités religieuses ; sur la guerre et l’édification de la paix. Pour cela, les féministes musulmanes peuvent s’appuyer sur les riches analyses textuelles et les études théologiques approfondies dans lesquelles elles se sont engagées toutes ces années pour construire des coalitions avec d’autres groupes sociaux progressistes, pour contribuer aux débats de politique nationale et internationale, et peser sur les décisions qui seront prises pour le progrès de l’humanité.
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Valentine Moghadam est sociologue et chef de la section « Egalité des genres et développement » à l’UNESCO. Elle est l’auteure d’une étude sur le féminisme islamique en Iran (Signs, 2002), de Modernizing Women: Gender and Social Change in the Middle East (1993 ; réédition 2003), de Women, Work and Economic Reform in the Middle East and North Africa (1998). Et, début 2005, de Globalizing Women: Transnational Feminist Networks, The Johns Hopkins University Press. En 1994, son ouvrage Identity Politics and Women: Cultural Reassertions and Feminisms in International Perspective était le premier à examiner les fondamentalismes de manière comparative et à travers les cultures.

 

¿Qué es el feminismo musulmán? Por la promoción de un cambio cultural en favor de la igualdad de géneros

Valentine M. Moghadam, socióloga

El "feminismo musulmán" ha sido objeto de análisis y debates desde hace más de una decena de años. Está asociado a grupos de mujeres creyentes y a investigaciones universitarias sobre las mujeres en el mundo musulmán. (…) El término "feminismo mulsumán" ha sido creado al principio de los años noventa por feministas iraníes exiliadas para describir un nuevo discurso de las mujeres creyentes en la República islámica de Irán; ellas han publicado sus concepciones sobre el papel de la mujer en la sociedad en la revista Zanan (Mujeres). Un debate abierto alrededor de diversas cuestiones: ¿El islam es compatible con el feminismo? ¿Es posible hablar de feminismo en el marco de un discurso musulmán? ¿El feminismo musulmán es una solución de recambio frente al fundamentalismo o es una amenaza para los enfoques y los movimientos laicos?

Traducción: Manuel Llusia.

Valentine Moghadam

Este texto es la intervención que, bajo el título “¿Qué es el feminismo musulmán? Por la promoción de un cambio cultural en favor de la igualdad de géneros”, realizó la socióloga Valentine M. Moghadam en un coloquio organizado por Islam & Laïcité en el marco de la UNESCO. Las sesiones de este coloquio fueron recogidas en un libro publicado por Islam & Laïcité en junio de 2007 con el título ¿Existe un feminismo musulmán?

            El “feminismo musulmán” ha sido objeto de análisis y debates desde hace más de una decena de años. Está asociado a grupos de mujeres creyentes y a investigaciones universitarias sobre las mujeres en el mundo musulmán. Para las mujeres creyentes, el feminismo musulmán converge con el feminismo cristiano o judío en sus esfuerzos por abrir unas perspectivas femeninas a partir de la interpretación de la religión y de la práctica religiosa. Para las universitarias, constituye un discurso y un movimiento en construcción, que reflejan las evoluciones sociodemográficas y culturales. En algunos casos, como en las obras de Fatima Mernissi sobre el hiyab y “las reinas olvidadas del islam”, o las de Amina Wadud y Asma Barlas sobre el Corán y las mujeres, creencia personal y enfoque académico se unen para criticar las interpretaciones y las prácticas patriarcales y proponer un nuevo acercamiento a los comienzos de la historia del islam.
            El término “feminismo mulsumán” ha sido creado al principio de los años noventa por feministas iraníes exiliadas para describir un nuevo discurso de las mujeres creyentes en la República islámica de Irán; ellas han publicado sus concepciones sobre el papel de la mujer en la sociedad en la revista Zanan (Mujeres). Un debate abierto alrededor de diversas cuestiones: ¿El islam es compatible con el feminismo? ¿Es posible hablar de feminismo en el marco de un discurso musulmán? ¿El feminismo musulmán es una solución de recambio frente al fundamentalismo o es una amenaza para los enfoques y los movimientos laicos?
            Para numerosos laicos iraníes, los términos feminismo y musulmán son contradictorios y se refieren a dos fenómenos incompatibles. El feminismo es, sobre todo, un discurso modernista que se inscribe en la tradición de las Luces y que pone en cuestión las verdades reveladas. El islam, por el contrario, prescribe estrictas reglas y normas sobre la existencia y los comportamientos.

Llibru

            Para numerosos musulmanes, el islam proporciona todas las respuestas mientras que el feminismo es un fenómeno marginal o una ideología occidental extranjera. Pero, entre las dos posiciones extremas –que, desde mi punto de vista, en ambos casos “orientalizan” o “exotizan” el islam–, unos creyentes han buscado establecer puentes entre las divisiones ideológicas, entablar el diálogo y plantear problemas sobre la igualdad de las leyes y de las normas de sus sociedades, muy especialmente las que conciernen a las mujeres. Además, intelectuales iraníes de la diáspora, de la que yo formo parte, han entendido que las publicaciones y las propuestas de las feministas musulmanas elaboran una verdadera alternativa al discurso fundamentalista oficial.

La investigación universitaria ha definido el feminismo musulmán en Irán como un movimiento reformista que ha permitido un diálogo entre feministas religiosas y laicas y ha abierto la vía a nuevas posibilidades en favor de la igualdad entre los sexos y de la participación de las mujeres en las doctrinas y prácticas religiosas. La revista Zanan había avanzado que las asimetrías de género tienen bases más sociales que naturales (o divinas) y que gran parte de lo que se llama derecho musulmán consiste en interpretaciones patriarcales del Corán y de los comienzos de la historia de los musulmanes. Eso plantea la cuestión de la ichtihad (razonamiento independiente, interpretación religiosa) y del derecho de las mujeres a (re)interpretar el fiqh, la jurisprudencia musulmana.

            En Irán y en otras partes del mundo musulmán (como en Egipto, Marruecos y El Yemen), el pensamiento feminista musulmán se ha acompañado de campañas contra las discriminaciones en el derecho musulmán sobre la familia.

            ¿Cómo se puede considerar el feminismo musulmán en comparación con otros discursos y otros movimientos? Desde el punto de vista sociológico, el feminismo musulmán no es un movimiento social en sentido estricto, porque sus prácticas han sido por naturaleza esencialmente testimoniales. Sin embargo, el feminismo musulmán forma parte del gran movimiento de mujeres de algunos países. Es un planteamiento de mujeres urbanas instruidas (y de algunos hombres) que han releído el Corán y han estudiado los inicios de la historia del islam, a fin de rescatar su religión de las interpretaciones patriarcales y violentas, de abogar por los derechos y la participación de las mujeres en el marco de la religión y de dar una legitimidad teológica al llamamiento por los derechos de las mujeres en el mundo musulmán.

            En tanto que tal, el feminismo musulmán es un ideario y una estrategia más entre otras desplegadas por quienes defienden los derechos de las mujeres en el mundo musulmán –puede ser igualmente considerado como parte del movimiento feminista global–.

Entre las que eran llamadas antes y que hoy se califican, ellas mismas, como feministas musulmanas, algunas proceden del movimiento fundamentalista musulmán. En Irán, por ejemplo, grupos de creyentes han quedado consternadas por las leyes decretadas en 1980, que hacen de ellas, en el mejor de los casos, ciudadanas de segunda; ellas han planteado problemas sobre estas leyes y sobre la función de la mujer en la República islámica. Otras feministas musulmanas han rechazado el proyecto fundamentalista desde el principio y han buscado separar su religión de lo que consideraban un movimiento político equívoco y peligroso.

            El feminismo musulmán representa un enfoque importante en el que es posible propugnar la reforma musulmana. Numerosos intelectuales musulmanes se han comprometido en los debates y coloquios, especialmente sobre el Corán y sobre cuestiones tales como “el islam y la democracia”, “el islam y los derechos humanos”, “el islam, ciencia y filosofía”. (Ejemplos: Abadulkarim Soroush, Moceen Kadivar, Asan Yousefi-Eshkevari y otros conocidos bajo el nombre de “Nuevos intelectuales religiosos en Irán”; el difunto Mahmoud Taha de Sudán, Hasan Hanafi de Egipto y el exiliado Zeid Abu Nasr; Mohammad Arkoun de Argelia; Chandra Muzzafar de Malaysia, Fathi Osman y otros). El feminismo musulmán proviene de esta formulación y reivindica el derecho a la ichtihad y el derecho a participar en la oración e incluso oficiar en los rezos mixtos. Esta corriente no ha sido aceptada por todos en el seno de la comunidad musulmana. Pero forma parte de un movimiento de reforma más amplio en el seno del islam.

Entre las feministas musulmanas más eminentes se encuentran: Shahla Sherkat y Azzam Teleghani de Irán; Amina Wadud, Asma Barlas, Riffat Asan, Azizah al-Hibri, Leila Ahmed y Margot Badran, que viven en EE UU, y Ziba Mir-Hosseini del Reino Unido y de Irán. La socióloga marroquí Fatima Mernissi ha hecho, igualmente, importantes contribuciones.

            La asociación de mujeres de Malaysia, Sisters in Islam, y la asociación de nigerianas Baobab están afiliadas a la red feminista internacional Women Living under Muslim Laws (Mujeres bajo las leyes musulmanas). En su acción por los derechos humanos de las mujeres, ellas se apoyan a la vez en las normas musulmanas y en las convenciones internacionales.

            Otras asociaciones de mujeres, por ejemplo, en Marruecos o en Egipto, han formulado sus exigencias por los derechos de las mujeres en el marco religioso, pero no son feministas musulmanas en el sentido estricto del término. Entre las que han trabajado en este campo, algunas han intentado hacer la distinción entre feminismo islámico, feminismo musulmán y mujeres islamistas, para mostrar sus diferencias con las feministas laicas. Paralelamente, en algunos países, las diferencias políticas y conceptuales entre estas corrientes pueden ser borrosas debido a la cooperación creciente entre feministas islámicas, musulmanas y laicas, y a la distancia que han tomado con las mujeres más explícitamente vinculadas al movimiento islamista.

            El Primer Congreso internacional sobre el feminismo musulmán fue organizado en Barcelona del 27 al 29 de octubre de 2005 por la Junta Islámica Catalana, con el apoyo del Centro de Cataluña de la UNESCO en Barcelona. Hombres y mujeres de comunidades musulmanas del mundo entero han venido debatiendo –con sus correligionarios españoles– sobre la necesidad de un islam liberal, pluralista, igualitario y emancipador, y numerosos participantes han llamado a la yihad de género (la yihad por la igualdad de sexos). Me parece más que evidente que al comienzo del siglo XXI, una “masa crítica” de mujeres musulmanas instruidas, ilustradas y en disposición de actuar, ha emergido, y sus preguntas fundamentales sobre el islam, las mujeres y los derechos humanos pueden contribuir a conseguir la igualdad de géneros, a transformar el derecho musulmán y a promover sociedades musulmanas modernas e igualitarias.

Sin embargo, para contribuir a tales transformaciones sociales, las feministas musulmanas deberán comprometerse más directamente en las cuestiones sociales y políticas a las que están confrontados sus países y el mundo entero. Asociaciones como Sisters in Islam en Malaysia o Baobad en Nigeria se han enfrentado a las leyes y políticas juzgadas desfavorables a los derechos humanos de las mujeres; y en Irán, las feministas musulmanas y laicas han unido sus fuerzas para hacer campaña por la igualdad de géneros. Ello hará que nazcan perspectivas feministas musulmanas sobre las desigualdades sociales y la justicia económica; sobre los derechos de las minorías religiosas; sobre la guerra y la edificación de la paz. Para ello, las feministas musulmanas se pueden apoyar en los ricos análisis de textos y en los estudios teológicos rigurosos en los que ellas se han comprometido todos estos años para unirse a otros grupos sociales progresistas, para contribuir a los debates de política nacional e internacional, e influir sobre las decisiones que serán tomadas para el progreso de la humanidad.

NOTA
Valentine Moghadam es socióloga y jefe de la sección «Igualdad de género y desarroll» en la Unesco. Es autora de un estudio sobre el feminismo islámico en Irán (Signs, 2002), de Modernizing Women: Gender and Social Change in the Middle East (1993, reedición 2003), de Women, Work and Economic Reform in the Middle East and North Africa (1998). Y, a principios de 2005, de Globalizing Women: Transnational Feminist Networks (The Johns Hopkins University Press). En 1994, su obra Identity Politics and Women: Cultural Reassertions and Feminisms in International Perspective fue la primera en examinar los fundamentalismos de manera comparativa y a través de las culturas.