COLLOQUE:
Méditerranéennes de L'an 2 000:
La lutte pour les droits des femmes et pour la démocratie, un combat indivisible et unique.

RACHDA (RAssemblement Contre la Hogra et pour les Droits des Algerienes)
Rue Didouche Mourad 127. Alger. Fax: 213.2.74.39.80

programme



EXPOSÉ DES MOTIFS

Depuis maintenant dix ans chaque année les Algériennes mettent un point d'honneur a marquer de mani re forte et visible le 08 mars, journée internationale de la femme. Deux raisons au moins, participent à expliquer cela:

1- Apr s avoir dépossédé les femmes de leur lutte pour la libération du pays» puis de/leurs droits de citoyennes, le régime du parti unique dans une volonté de contrôle et de prévention de toute expression libre et autonome, s'est mis à s'approprier toutes les "journées mondiales" et le 08 mars,' en particulier, pour les vider de leurs sens de combat et leur imprimer un contenu au service de sa vision négatrice des droits des femmes. Ainsi, réapproprier la journée mondiale de la femme, lui redonner son contenu de lutte et de solidarité, est devenu un enjeu
majeur pour les Algériennes.
2-Les femmes algériennes n'ont jamais perdu de vue, ni les raisons, ni les objectifs de la terreur
intégriste qui s'est abattue sur l'Algérie et particuli rement sur elles.
Elles savent donc que c'est sur leur corps, leur statut, leur liberté que s'est jouée et se joue encore, la confrontation idéologique puis physique entre, d'une part, les tenants de la théocratie et, d'autre part, les militants de la Démocratie.
Des 1989, les Algériennes découvrent dans leur chair que si le pouvoir politique et son code de la famille les enchaînent dans leur rôle de génitrice, le FIS et ses milices les brûlent, les fouettent, les persécutent, moralement et physiquement, afin de les réduire au rang d esclaves au service exclusif du projet théocratique, dont la colonne vertébrale est la soumission totale et absolue, dans le privé et le public, des femmes et la mort de toutes les libertés.
Ainsi, refuser le diktat vestimentaire et continuer à s'habiller "normalement" c'est-à-dire refuser
l'uniforme décrété "islamique" et obligatoire, par les intégristes, devient un acte de courage et de résistance formidable, Surtout lorsque l'on sait que ce diktat était accompagné de menaces de mort et que, certaines comme Katia Bengana et beaucoup d'autres, pay rent de leur vie ce refus
Lorsque, malgré les bombes dans les lieux publics, malgré les menaces de mort contre elles, les femmes continu rent à travailler, à étudier, à aller simplement au marché ou à envoyer leurs enfants à l'école, c'est la femme ordinaire, "madame tout le monde", qui devint une héroi'ne, le symbole de la résistance.
 
C'est d'abord ce courage des anonymes, cette résistance au quotidien, que le mouvement des
femmes a rendu visibles, dans toutes ses manifestations d durant les dix derni res années de terreur intégriste.
Le mouvement des femmes a compris l'importance de la parole et de l'action publiques face à la stratégie de la terreur, dont I'objectif premier est la paralysië du corps social afin d'annihiler en lui toute velléité de riposte et lui imposer un syst me totalitaire.
C'est pourquoi, toute occasion de prendre possession de la rue a été saisie courageusement par
les Algériennes. Ce faisant, le mouvement des femmes a constitué un exemple et un catalyseur du combat du reste de la société civile. Il a participé, de façon significative, à maintenir vivante une opinion publique à des moments ou la censure intégriste par la mort (plus de 70 journalistes et assimilés ont été assassinés par les groupes islamiques armés entre 1993 et 1998) relayait la censure étatique.
On comprendra des lors, pourquoi "les 08 mars" ont constitué des moments capitaux pour les
Algériennes. Quels que soient les endroits ou nous étions, ou nous cachions parfois, le jour du 08 mars était un rendez-vous sacré. Nous retrouver ensemble, ne plus nous sentir seules, nous donner du courage et de l'énergie les unes aux autres pour pouvoir continuer à assumer et assurer le combat qui se résumait souvent à celui, élémentaire et fondamental, de rester en vie. Pendant dix ans, cette journée a été pour nous un jour de solidarité mais aussi de bilans et d'engagement pour que notre lutte continue jusqu'à la victoire. Victoire de la vie sur la mort, de la paix sur la guerre, de nos droits sur l'arbitraire et de la liberté sur la terreur.
Aujourd'hui, un nouveau processus est enclenché et un virage historique entamé en Algérie avec comme objectifs proclamés: la paix, la démocratie et l'Etat de droit. La question qui se pose d'emblée pour nous est: Quelle place fait-on dans ce processus aux femmes et à leurs droits ??
Traumatisées par le sort injuste que le pouvoir politique a réservé aux moudjahidate
(combattantes pendant la guerre de libération nationale) au lendemain de l'indépendance malgré la grandeur de leurs sacrifices, les Algériennes ont compris que leurs droits de citoyennes ne s'octroieront jamais, ils s'arrachent.
Fortes de l'expérience de nos ainées, nous ne voulons pas  tre sacrifiées sur l'autel des
concessions. Nous ne voulons pas que la question des droits des femmes soit "classée" et
renvoyée aux calendes grecques. Nous ne voulons pas que nos sacrifices, nos luttes soient vains ou vidés de leurs sens. Nous ne voulons pas que nos lieux de solidarité construits dans la difficulté et adversité soient réduits à des chapitres-souvenirs au service de l'incantation nostalgique falsifiante du passé et aveuglante pour le futur.
En un mot, nous voulons capitaliser nos luttes pour que soient reconnus et garantis nos droits, tous nos droits.
 
Nous pensons que la capitalisation des luttes en ce début du troisi me millénaire, marqué par les contraintes qu'impose la mondialisation, ne peut se faire que dans un cadre généreux ou nous tenterons de tirer les leçons de nos expériences d'Algériennes mais aussi de celles de nos soeurs et amies maghrébines et méditerranéennes. Nous pensons particuli rement, avec gratitude, à toutes celles qui nous ont accompagnées avec leur solidarité, leur soutien et leur affection, à toutes celles qui ont préféré croire en nous et en note combat pendant que certains avaient, quant eux, fait le choix de miser sur les ennemis des femmes et de leurs droits.

Pour toutes ces raisons, l'association nationale "Rachda" en collaboration avec des femmes
démocrates (expertes en sociologie, en droit, journalistes, députées à I'A.P.N...) vous invite à célébrer le 08 mars 2000 à Alger.

Nous vous proposons deux grandes activités qui se dérouleront du 08 au 10 mars inclus

- Mercredi 08 mars apr s midi: Meeting populaire avec les femmes à la salle Ibn Khaldoun-Aiger.
- Jeudi 09 mars et vendredi 10 mars.
Colloque ' Méditerranéennes de 1'an2000 à l'hôtel Le Aurassi-Alger

Vous trouverez le programme détaillé ci-apr s.

Pour le comité d'organisation
Khalida Messaoudi
 
 
 
 
 

Alger - 09 et 10 mars 2 000

PROGRAMME

 09 mars 2000
Ma
9h30-9h45

9h45-10hl 5

Exposé de la problématique du colloque
Femmes algériennes - sph res publique et privée: état des lieux
 

Pause café

1 lh30-13h Débats

Pause déjeuner

 14h30-16h10 Mondialisation et dérives totalitaires
- Femmes face à la mondialisation et aux dérives totalitaires
(Iran, Soudan, Afghanistan, Algérie, Europe)
 

Pause café

Débats

10hl 5-10h35 Luttes des femmes acquis et défis
10h35-10h55 Recommandations des ateliers ayant regroupé le Gouvernement et les associations de femmes les 16/17/18 avril 1996 à Alger
10h55-11h15 Recommandations du séminaire du Haut Conseil Islamique- Alger - octobre 1999

 
10 mars 2000

9h30-1 lh
Femmes méditerranéennes. Expériences et perspectives
 Collectif Maghreb-Egalité (Tunisie, Maroc, Algérie)
  a) Historique et objectifs
 b) Réalisation et perspectives
 Interventions des délégations invitées
 

Pause café

11.15h-13h Débats

Pause déjeuner
14h30-15h20 Regards croisés et solidarité
a) Regard du Nord sur les femmes du Sud ou le pi ge culturaliste
b) Regard du Sud sur les femmes du Nord ou le pi ge des spécificités
c) Solidarités

15h20- Débats

17h18h-  Déclaration

 - Clôture